Des notables de Ouargla ont réussi à réunir les représentants des communautés ibadite et malékite de Berriane, jeudi dernier à Ouargla. Les tractations de médiation menées depuis des jours par des notables de Ouargla entre les deux communautés, mozabite et malékite, de Berriane, ont failli capoter n'était la sagesse des uns et des autres. Ainsi, dans une réunion de réconciliation tenue dans un lieu secret à Ouargla, les deux communautés ont signé une déclaration de paix (bayan silm) en présence de représentants des plus hautes autorités du pays. Selon des sources proches des négociateurs, ces derniers ont d'abord proposé aux deux parties une charte de fraternité, puis de « solh » (réconciliation). L'idée a été rejetée par les deux parties sans pour autant fermer la porte du dialogue. La communauté mozabite a opté pour une plateforme composée de 14 points qui sera le prélude à une charte de cohabitation. Il s'agit de la nécessité d'une prise en charge des sinistrés, de la garantie de la sécurité, du désarmement des civils, de l'engagement de ne jamais protéger les criminels quel que soit leur rang, du respect de la différence culturelle, du recours à des actions pacifiques pour résoudre les problèmes et éviter toute justice individuelle. Cette plateforme de principe n'a pas été limitée dans le temps et devait être mise en application dès sa signature par la partie malékite. Mais les négociateurs de Ouargla n'ont pas perdu espoir. Ils ont multiplié les efforts pour arriver à un consensus. C'est ainsi qu'ils ont eu l'idée de les inviter à un mariage, prévu jeudi dernier, et profiter de cette occasion pour rétablir la confiance. Les deux parties acceptent l'invitation avec l'idée que chacune ramène avec elle sa plateforme de revendications. Arrivés à Ouargla en début d'après-midi, les malékites annoncent des réserves sur les revendications des ibadites. Les discussions se corsent. L'appel à la prière du maghreb (fin de journée) annonce un temps de répit et de réflexion pour les deux parties qui vont prier ensemble d'abord dans une mosquée ibadite, puis malékite. Les ibadites acceptent de revoir la plateforme, mais le document que devait présenter l'autre partie a été oublié à Berriane. Les tractations vont durer plusieurs heures, jusqu'à une heure tardive de la soirée. Ainsi, les deux communautés s'entendent sur une déclaration finale sans aucun engagement de part et d'autre parce que le principe de pacte ou de plateforme de réconciliation a été écarté. Cette déclaration, intitulée « déclaration pour la paix et la sécurité », fait état d'une condamnation unanime de la violence et du recours à la violence, tout en présentant les sincères condoléances aux familles des victimes. Les signataires se sont engagés à déployer tous leurs efforts à instaurer la paix et la sécurité, sans pour autant se référer au contenu de la plateforme présentée par les Mozabites. Ils ont appelé les autorités à faire de même pour que la région de Berriane ne revive plus la tragédie d'il y a un mois. Ainsi, les deux parties sont reparties avec le regret de ne pas avoir accompli leur mission telle qu'elles la voyaient au début. Des interférences ont vraisemblablement perturbé le cours des tractations. Selon des sources proches des négociateurs, le parasitage a commencé à se faire sentir lorsque les négociateurs de Ouargla ont proposé leur ville pour la rencontre entre les deux communautés. Ce qui prouve que les intérêts occultes continuent à jouer avec le feu en dressant une communauté contre une autre. Il est vrai que la crise n'a pas été réglée définitivement, mais il est certain que les deux parties ont condamné le recours à la violence et se sont engagées à l'éviter en réglant les conflits au niveau des structures habilitées. Ce qui est un premier pas vers une cohabitation assurée. Les prochaines rencontres seront certainement décisives pour la région qui, faut-il le préciser, a trop souffert pour renouer avec la tragédie.