Ni l'exécutif ni les commissions n'ont encore été constitués. Ce qui signifie que les réunions d'assemblée et les plénières pour débattre du programme d'action de l'exercice en cours se trouvent gelées et ce, aussi longtemps que dure la crise. Les dissensions font rage entre deux groupes d'élus sous l'œil passif de l'administration centrale qui n'a pas encore jugé bon de remettre sur les rails la bonne gestion de la commune dans la mesure où elle n'a pas réussi à rappeler à l'ordre avec justesse ceux qui entravent la légalité. Qui a tort et qui a raison ? Difficile en tout cas de trancher le nœud gordien devant l'existence d'un vide juridique – l'article 48 de la loi 90/08 du 7 avril 1990 relative à la commune édicte que « les membres de la liste ayant obtenu la majorité des sièges élisent parmi eux le président de l'assemblée communale (…) ». Mais il reste muet dans le cas où deux candidats obtiennent le même nombre de voix pour être élus à la tête de l'exécutif. A l'origine de cette paralysie, donc, est le choix porté sur le candidat, en l'occurrence Amar Zetili, installé dans ses fonctions de P/Apc par le wali délégué de Bab El Oued. Les élus contestataires ne l'entendent pas de cette oreille. Ils durcissent le ton et campent sur leur position en criant au scandale. Ils qualifient la mesure (désignation) de « bévue monumentale de l'administration », a fortiori le tête de liste FLN – parti qui a obtenu 8 sièges parmi 15 lors des dernières élections locales dans la commune Casbah –, n'est soutenu que par trois voix seulement. « Contrairement à l'élu Nacer Alliche (FLN), le second candidat qui a rallié à sa cause, pour l'élection du P/Apc, trois élus FLN et deux tiers de l'ensemble des élus de l'assemblée (FNA et RND) », explique le groupe d'élus qui s'oppose vertement à la reconduction de l'ancien premier magistrat de la commune à la tête de l'exécutif, dont « la gestion lors du dernier mandat est tant décriée ». « Aussi, nous interpellons l'administration à ouvrir une enquête sur la liste douteuse des affectations des 530 logements de Bab Ezzouar qui n'a pas été affichée (…). Plus, nous disposons de preuves tangibles concernant les noms des bénéficiaires qui ne sont autres que les parents et proches du maire », affirment les élus protestataires qui étayent leurs propos avec des documents. Contacté, le maire ne nie pas l'existence d'un vide juridique quant à la désignation du P/Apc lorsque celui-ci ne réunit pas les voix (au moins 8 élus dans le cas de l'exécutif de la Casbah), « mais le parti FLN auquel j'adhère a tranché en ma faveur, en tant que tête de liste », martèle-t-il, ajoutant que « lors de la campagne électorale, les opposants étaient absents de la scène au moment où je battais le pavé en allant vers les administrés (…). La preuve, en 2002, nous avons récolté 5 sièges et en 2007, nous en avons obtenu 8 et cela grâce au tête de liste », soutient-il. « Plus, l'article 25 du code de wilaya plaide en ma faveur ; autrement dit, en cas d'égalité des voix entre deux élus, la fonction de P/apc revient au plus âgé », renchérit-il. Quant à l'attribution des 530 logements de Bab Ezzouar que les opposants qualifient de douteuse, M. Zetili affirme que les accusations portées à son encontre sont « infondées ». « Quant à l'affichage des noms des attributaires au niveau de l'Apc, je renvoie mes détracteurs à la loi sur la formule LSP qui ne m'oblige ni à placarder la liste des bénéficiaires, encore moins m'interdit de répondre aux postulants qui ne résident pas dans la commune de la Casbah. » Il y a lieu de souligner que le programme des 530 logements était chapeauté par l'Apc/Cnep en 1989 avant qu'il ne soit transformé en formule dite LSP en 1993. « Mais ce qui demeure bizarre, selon les élus opposants, c'est que des ‘‘noms de personnes nées en 1981'' figuraient sur la liste des bénéficiaires en 1993 ! » A court d'argument, M. Zetili s'abstient de faire dans le commentaire, jugeant plus habile de nous inviter à voir du côté des « responsables du fichier central, censés assurer le travail d'assainissement ». Devant cette situation déplorable et en attendant le dénouement de la crise, le torchon brûle et le groupe d'élus acquis à M. Nacer Alliche, se dit outré par « les pratiques anti-démocratiques, les manœuvres de coulisses interlopes et les pressions exercées par des cercles occultes ». A signaler que le groupe d'élus, militant sous la bannière FLN et opposés au maire Zetili ont été destinataires d'une décision émanant de leur parti leur signifiant le gel de leur activité au sein même de leur formation politique. « Nous sommes des cadres et nous ne comprenons pas cette décision que nous jugeons arbitraire », disent-ils, l'air dépité.