Le tribunal correctionnel de Tissemsilt, relevant de la cour de justice de Tiaret, a jugé hier en appel après leurs condamnations par défaut à deux années de prison ferme et 50 000 DA d'amende, les deux jeunes informaticiens, Rachid et Djallal, de confession chrétienne. Le procès en appel est intervenu après deux renvois. Il s'est tenu dans des conditions psychologiques moins passionnelles et a valu au juge d'entamer son audition en se basant sur le procès-verbal établi par la police judiciaire. « Votre mission à Tissemsilt le jour de votre arrestation, le 7 avril 2007, était la distribution de bibles trouvées en votre possession et saisies par les policiers », dira-t-il à l'endroit des deux accusés qui n'affichaient pas de mine défaite. Et d'enchaîner qu'« il s'agissait d'un acte de prosélytisme réprimé par la loi ». « Nous n'avons jamais fait de telles déclarations, Monsieur le président », rétorquèrent les deux accusés qui font savoir par ailleurs que « leur présence à Tissemsilt avait pour objectif de solliciter des services concernés de la wilaya et de l'OPGI l'octroi d'un agrément et un local locatif pour ouvrir un cybercafé avant que des policiers en faction dans un barrage ne nous interpellent pour contrôler notre véhicule », a dit Rachid qui ajouta à l'intention du président qu'il y a « utilisation d'un subterfuge invoqué par les policiers quant au fait que nous avons été embarqués au commissariat ». S'agissant des livres et cassettes audio trouvés en leur possession, ils « n'étaient pas destinés à des profanes ». Rachid insista sur le caractère aléatoire de sa déclaration devant les policiers qui l'auditionnent au vu de la fatigue et de la longue garde à vue dans les locaux du commissariat. Pour Me Khalfoun, avocate de la défense, « cette affaire a été montée de toutes pièces dans l'unique but de mettre la main sur ces jeunes, pour la simple raison qu'ils sont d'une obédience religieuse autre que l'Islam ». Répondant à une question du juge adressée aux accusés et relative à l'endroit exact de leur arrestation, cette dernière dira que « peu importe l'endroit, mes clients ont été victimes d'un stratagème des policiers qui ont inventé cette histoire de véhicule volé pour les immobiliser et les conduire au commissariat avant de leur endosser la pratique de prosélytisme ». Et d'enchaîner qu' « avec tous les moyens et les pouvoirs dont dispose la police, pourquoi n'a-t-on pas présenté au moins un citoyen ayant reçu un livre ou une cassette ? » Le représentant du ministère public n'avait requis aucune peine. Une position amplement appréciée par Me Khalfoun qui estime que « la suite de l'affaire se veut de bon augure ». C'est d'ailleurs le même sentiment que partagent les deux accusés, notamment Rachid qui dit « faire confiance en la justice », aidés en cela peut-être par un réquisitoire du représentant du ministère public qui a réclamé « l'application de la loi ». Le verdict sera rendu le 2 juillet.