Il n'y avait hier au tribunal correctionnel de Tissemsilt, relevant de la cour de justice de Tiaret, ni Rachid Mohamed Seghir ni son compère M. Djallal, encore moins leur avocate, maître K. Khalfoun, en dépit de la programmation du procès en appel des deux prévenus précédemment condamnés par défaut le 20 novembre 2007 par la même juridiction pour « exercice illégal d'un culte non musulman ». Poursuivis donc après leur arrestation par les gendarmes à Tissemsilt, 50 km au nord-ouest de Tiaret, en avril 2007 en possession de bibles et de cassettes, Rachid, 40 ans, dont c'est la énième poursuite, et Djallal, 36 ans, tous deux informaticiens convertis au christianisme, devaient comparaître le 22 mai, puis hier, mais le procès a été reporté à la demande de maître Khalfoun, précisent des sources proches du dossier. Condamnés à deux ans de prison ferme et à 500 000 DA d'amende chacun par défaut, ce procès en appel fut ajourné lors de l'audience publique du 28 mai à la demande du juge qui arguait de l'absence de casiers judiciaires dans les dossiers des prévenus. Celui-ci (le procès) se tiendra, dit-on, le 25 juin. Au-delà du contexte médiatico-politico-judiciaire de ces affaires en cascade contre des Algériens de confession autre que l'Islam subsiste, nous dira le procureur général, « des supputations qu'il faudrait relativiser, voire écarter, et laisser place à une saine justice qui statuera selon les lois et textes en vigueur, dont ceux ayant valu leur ratification par l'Algérie ». Mohamed Foulène, qui nous recevait en présence du procureur de la République près le tribunal de Tiaret, a fait savoir qu'« il faudrait se résoudre à séparer le politique du judiciaire ». Notre interlocuteur, s'agissant du complément d'enquête demandé par le juge concernant l'affaire Habiba Kouider, une chrétienne de 36 ans convertie contre laquelle ce même procureur avait requis trois années de prison, fait savoir que « le magistrat en charge du dossier travaille en son âme et conscience, loin des surenchères et est en droit d'approfondir l'enquête avant de rendre son verdict ». Habiba, apprend-on par ailleurs, sera convoquée pour une audition complémentaire.