L'Algérie souhaite une coopération différenciée dans le cadre du Dialogue méditerranéen (MD) de l'OTAN. Une coopération qui répond aux grandes capacités et aux besoins propres de notre pays. C'est, en substance, le message qu'a délivré Mohamed Hannache, directeur général Europe au ministère des Affaires étrangères et président du comité interministériel de suivi des relations avec l'OTAN, hier, à Djenan El Mithaq (Alger). A l'occasion d'une journée d'étude ayant pour thème « 10 ans de dialogue OTAN-Méditerranée, faits et perspectives », le responsable algérien a noté qu'« il faut écouter les pays du sud de la Méditerranée pour essayer de lancer une coopération pragmatique ». Il indiquera, à ce sujet, que « l'Algérie a mis son expérience, notamment en matière de lutte contre le terrorisme, à la disposition de ses partenaires » du DM. C'est une raison pour laquelle il plaidera pour une coopération pragmatique et différenciée selon les pays. Un avis partagé par l'amiral Jean Dufourq, du Collège de défense de l'OTAN, lorsqu'il notera que « l'Algérie est le maillon fort du Dialogue méditerranéen car, après son adhésion en 2000, ce mécanisme de l'OTAN est devenu plus ambitieux, plus étoffé et plus diversifié ». Il rappellera, à ce titre, les trois principes repères pour le DM que sont la coresponsabilité, la complémentarité et le respect des spécificités. D'où l'appel du vice-amiral Angel Tafalla Balduz, commandant adjoint des forces alliées pour l'Europe du Sud, pour « faire des projets de travail réel qui renforce la sécurité dans le bassin méditerranéen ». Pour celui-ci, les nouvelles menaces (crime organisé, trafic d'armes...) doivent conduire les partenaires du DM à « trouver des terrains d'entente qui suggèrent une commande en commun pour faire face à ces menaces ». En cela, le colonel Benhamla, DREC au ministère de la Défense nationale, jugera que « l'interopérabilité reste un impératif à maîtriser au plan du commandement national en coordination avec celui de l'OTAN ». L'interopérabilité (coordination dans le commandement des opérations engagées entre l'OTAN et ses partenaires au sein du DM) est aujourd'hui l'une des quatre priorités retenues dans ce processus, dira Patrick Hardouin, secrétaire général adjoint de l'OTAN. Ce responsable citera les trois autres que sont la lutte contre le terrorisme à travers le monde, la professionalisation des forces armées et l'intensification du dialogue politique avec les pays du DM. Pour la lutte contre le terrorisme, M. Hardouin notera que « l'Algérie a une grande expérience, mais surtout une expertise à partager avec ses partenaires ». De ce fait, il insistera sur le partage des renseignements et sur la certification des informations par l'OTAN avec, au passage, cet aveu : « Il n'y a pas de réponse unique au terrorisme, mais un cadre de concertation multidimensionnel ». C'est pourquoi, le colonel Schulte Berge, chef de division au ministère fédéral allemand de la Défense, dira que « la capacité d'intervenir ensemble doit être améliorée » et qu'« un nouveau chapitre de coopération avec l'Algérie va être ouvert après la récente visite à Alger du secrétaire général de l'OTAN ». L'importance des renseignements Ainsi, des exercices militaires conjoints seront organisés en 2005, révèlera le général Thorsten, sous-chef d'état-major support à l'OTAN. L'implication des pays membres du DM, indiquera le lieutenant-colonel Klaus L. Huettker, attaché de défense à l'ambassade d'Allemagne à Alger, suppose leur association dans le cadre de l'Unité de liaison des renseignements et le comité spécial de l'OTAN. Sur ce registre, les directeurs des services de renseignements (dont celui de l'Algérie) sont appelés à intensifier les rencontres et les consultations, précisera M. Huettker. Toutefois, « les mesures militaires ne peuvent, à elles seules, contribuer à atténuer le fléau du terrorisme », avouera Rolf Hermann Fritz Kramer, député SDP du Bundestag et président de l'Association parlementaire algéro-allemande. Pour cette personnalité, il faut d'autres structures, à travers la coopération internationale, pour aider l'action militaire. Au sujet de ce dossier, le capitaine Rafik, analyste au ministère de la Défense nationale, donnera une rétrospective de la lutte menée par l'Algérie contre ce fléau. Quant à Mme Maya Sahli, universitaire et chercheur algérien, elle interviendra pour identifier une liste de défis et d'intérêts communs en matière de sécurité dans une tentative de prospection allant à l'horizon 2030. Avant cela, Smaïl Benamara, directeur de l'Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI), organisateur de cette journée d'étude en collaboration avec l'ambassade d'Allemagne à Alger, notera que « la commémoration de 10 ans de dialogue OTAN-Méditerranée intervient à un moment riche en évènements pour l'Algérie ». A souligner qu'à partir de janvier 2005, l'ambassade d'Italie assurera, pour un mandat de deux ans, la mission de contact (Point contact) de l'OTAN en Algérie. L'Allemagne avait assuré ce rôle de 2002 à 2004 et auparavant, le Canada de 2000 à 2002. L'Algérie n'a rejoint le DM qu'en mars 2000.