L'Algérie a donné son « accord de principe » pour le Programme de coopération individuel proposé par l'Otan à l'Algérie. Le Dr Mouloud Hemai, directeur général Europe au ministère des Affaires étrangères l'a confirmé hier en marge du séminaire d'Alger sur « La sécurité par le dialogue et le rôle des institutions parlementaires dans l'approfondissement du dialogue méditerranéen ». Ce qui n'était pas donné pour « acquis » à l'ouverture des travaux du séminaire (coorganisé par l'assemblée parlementaire de l'Otan AP-OTAN et le Sénat algérien), le fut donc hier. L'Algérie passera donc du processus du Dialogue méditerranéen (DM) auquel elle a adhéré en mars 2000 à un niveau de coopération renforcée avec l'OTAN. Au même titre que ses « partenaires » du DM : le Maroc, la Tunisie, Israël, la Mauritanie, la Jordanie et l'Egypte. L'acceptation algérienne de l'offre atlantiste d'un programme de coopération à la carte, renouvelée publiquement lundi à Alger par le secrétaire général délégué de l'OTAN, l'ambassadeur Claudio Bisogniero, réservée au départ, a été rendue publique pour la première fois par Abdelkrim Harchaoui, ex-ministre du Commerce et des Finances, député RND et membre de la délégation du Parlement algérien auprès de l'AP-OTAN. Lors des débats ayant sanctionné les travaux d'hier, Harchaoui a affirmé que l'Algérie a engagé une réflexion sur la conception et la mise en œuvre d'un programme de coopération individuel comprenant deux volets : civil et militaire. Questionné sur le contenu de ce dernier, Harchaoui s'est contenté de répondre sur le volet civil qui couvre, selon lui, des plans d'actions relatifs à la gestion de crise, les plans civils d'urgence, la recherche scientifique, la Protection civile et l'environnement. Le volet militaire, ajoute-t-il, est de la compétence du ministère de la Défense. Celui-ci n'aurait rien d'exceptionnel, selon M. Hamai, qui nous confirmait à la clôture du séminaire l'acceptation par le gouvernement algérien du principe d'un programme individualisé. Le Dr Hamai souligne que ce « programme en cours d'examen » traduit un « choix » souverain des autorités algériennes et que la coopération militaire avec l'OTAN ne signifie pas l'ouverture des frontières maritimes à la flotte atlantiste. Ni une quelconque velléité de « normalisation » avec Israël, membre actif du Dialogue méditerranéen. « Israël n'a rien à voir avec ce programme », disait avant lui Harchaoui. L'Algérie, précise Hamai, n'est pas tenue par l'article 5 du traité d'Alliance atlantique qui dit que les pays de l'OTAN se doivent de se porter assistance en cas d'agression. Pas de « normalisation » avec Israël « Notre pays n'étant pas membre de l'Alliance, nous nous référons dans notre engagement avec l'OTAN à la résolution 1373 des Nations unies prise à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001 appelant les Etats à prendre un certain nombre de mesures afin de renforcer leur capacité juridique et institutionnelle de lutte contre les activités terroristes sur le territoire national, au niveau régional et dans le monde entier. » L'Algérie, déclarait en substance le haut responsable aux AE, qui avait lutté « seule » contre le terrorisme dans « l'indifférence », et parfois avec la « complaisance » des Etats riverains, reste attachée aux principes de l'autodifférenciation, du volontariat et de l'indivisibilité de la question de la sécurité en Méditerranée. Il est aussi un principe auquel, d'après lui, tient l'Algérie, c'est celui de la « non-sélectivité ». Référence faite à ce propos au traitement réservé par le conseil de l'Otan à la question palestinienne. Une « politique des deux poids deux mesures », comme l'avait qualifiée la veille le général Mustapha Cheloufi, président de la commission défense du Sénat. Aux nombreuses interventions de députés et sénateurs algériens axées sur la politique de l'Otan dans la région et vis-à-vis du conflit israélo-palestinien, – nœud de la discorde par excellence – Alberto Bin, de la division des Affaires politiques et de la politique de sécurité de l'Otan, invoque le sacro-saint principe de la « non-discrimination » fait sien par l'Alliance atlantique. Israël a droit, selon lui, comme tous les autres Etats, au même traitement. Chaque Etat membre du DM a le droit de choisir parmi les 700 activités de coopération pratique et les domaines qui l'intéresse. « Même la Russie », fait-il mine de plaisanter. Tous les pays « sans discrimination aucune » peuvent participer, selon lui, aux opérations de « maintien de la paix en Méditerranée ». M. Bin ajoute que l'Otan n'a pas « compétence », « de mandat » pour réagir dans ce type de conflit. Il ne faut pas perdre des yeux, à ses dires, que l'Alliance atlantique est d'essence militaire et qu'en Méditerranée, il existe nombre d'organisations (et de processus) engagés dans la résolution des conflits existants. « On ne peut pas tout demander à l'OTAN qui est une organisation politico-militaire », déclare-t-il. Le sénateur Antonio Cabras, vice-président du groupe spécial Méditerranée (GSM), l'Algérie y est partie prenante a insisté dans sa communication sur la nécessité d'intensifier la coopération entre les Etats riverains de la Méditerranée pour arriver à évacuer les tensions multiformes en Méditerranée. De Santis annoncera, à cet effet, que le prochain séminaire du Dialogue méditerranéen qui se tiendra à Rome les 4 et 5 juillet prochain portera sur un sujet d'actualité, à savoir la sécurité énergétique.