La réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union africaine (UA) s'est ouverte, hier, à Charm el Cheikh, sur un silence officiel gêné concernant la crise au Zimbabwe. Ce Conseil exécutif, préparatoire au prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 53 Etats membres de l'organisation, coïncide avec le second tour de la présidentielle controversée au Zimbabwe, maintenu par le président Robert Mugabe, en dépit du désistement de son unique rival Morgan Tsvangirai et des condamnations de la communauté internationale. Alors que les participants s'attendaient à ce qu'il aborde cette crise politique marquée par des violences, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a déclaré lors de son discours d'ouverture qu'il réservait au sommet de l'organisation, en début de semaine prochaine, des « déclarations importantes » sur le Zimbabwe. Cette déclaration a provoqué la surprise des participants, y compris de certains ministres qui souhaitaient évoquer la question. « J'espère que l'on va aborder la question du Zimbabwe dès le début des débats. En tous les cas, je compte soulever la question », a déclaré le Sénégalais Cheikh Tidiane Gadio. M. Ping a seulement consacré une longue partie de son discours à la démocratisation du continent, référence implicite à la crise zimbabwéenne, jugeant préoccupant que les élections « deviennent source d'instabilité ». A la fin de la cérémonie d'ouverture, M. Ping et le chef de la délégation zimbabwéenne ont eu un aparté d'une quinzaine de minutes. Jeudi, M. Mugabe avait annoncé, vouloir se rendre à Charm el Cheikh, pour le sommet de lundi et mardi. « En Afrique, il y a eu des élections conduites dans de bien pires conditions. Ces présidents dirigent toujours leur pays et nous ne nous en sommes jamais mêlés », a-t-il dit. Lors des débats à huis clos, le ministre zimbabwéen des Affaires étrangères, Simbarashe Mumbengegwi, a demandé à faire une déclaration sans que celle-ci soit suivie d'un débat, ce qui a provoqué l'opposition de plusieurs pays, dont le Sénégal, le Sierra Leone et le Liberia, a indiqué un participant. « Après un discours de plus d'une heure et demie, ces pays ont déclaré qu'ils voulaient débattre et entendre la Communauté économique d'Afrique australe ( la SDAC) », a ajouté cette source. Elle a précisé que M. Ping « a fait état de négociations en cours pour la formation d'un gouvernement d'unité nationale mais qu'il n'avait pas encore les dernières informations sur les négociations ». La réunion à huis clos a été suspendue et doit reprendre dans l'après-midi avec une intervention de la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nokossasana Dlamini Zuma, au nom du président Thabo Mbeki, médiateur dans la crise zimbabwéenne pour la SADC. Beaucoup de pays critiquent la médiation du président Mbeki, estimant qu'il n'est pas assez ferme avec M. Mugabe. D'autres veulent au contraire éviter le pire au Zimbabwe, autrefois une des locomotives économiques du continent. Selon des sources proches de la commission de l'UA, un Conseil de paix et sécurité de l'organisation continentale doit être organisé demain à Charm el Cheikh, centré sur la situation au Zimbabwe.