Les malades recourent à des sachets de lait et à des chiffons par manque de l'appareillage adéquat. Les stomisés de Béjaïa ont du mal à se procurer des poches de collecte. Le produit classé comme appareillage, il est dès lors du ressort de l'Office national de l'appareillage pour personnes handicapées (ONAAPH), de pourvoir les malades assurés, « dans les temps et en qualité » précise M. Rachid Mansouri, le président de l'association des stomisés de la wilaya de Béjaïa. Il veut bien admettre que les choses ont connu une légère avancée sur le plan de la qualité avec le retrait du produit servi jusque-là, « jugé peu adaptable physiquement à tous les patients ». Mais il n'en demeure pas moins, selon lui, qu'en termes de délais, la pénurie dure depuis 5 mois. Le produit est disponible en pharmacie, mais il est remboursé selon un barème basé sur les tarifs appliqués par l'ONAAPH. La différence est à la charge du malade. Elle est particulièrement loin d'être négligeable pour ceux qui doivent changer de poches plusieurs fois par jour. Alors que dire, s'alarme M. Mansouri, des stomisés qui ne bénéficient d'aucune couverture sociale. « Ils sont nombreux à user de sachets de lait et de chiffons », avec tout ce que cela comporte comme risques d'infection. L'association des stomisés de Béjaïa « grâce à des bienfaiteurs et à des ONG », spécialement la Fédération des stomisés de France, parvient tant bien que mal à se procurer quelque 1000 poches par an « mais ce nombre reste dérisoire par rapport aux besoins ». Le mieux est que « l'ONAAPH de Béjaïa constitue une banque alimentée directement de sa direction générale d'Alger, de telle sorte que l'assuré n'attende pas pour être servi ». Les malades se plaignent aussi de la mise à leur disposition d'une seule qualité de produit alors qu'il existe plusieurs laboratoires qui en fabriquent. Ils souhaitent une diversification qui permette à chacun de choisir un produit qui s'adapte le mieux à sa peau. M. Mansouri souhaite d'un autre côté que soit reconnu, immédiatement après tout recours à une stomie, le statut de maladie chronique. Le caractère temporaire attribué au départ par suite d'un traumatisme, d'une occlusion intestinale ou après une opération chirurgicale peut, dit-il, se révéler préjudiciable pour le malade. Il cite son propre exemple : présentant une pathologie bénigne, il a été considéré comme stomisé temporaire. Pourtant il traînera cette maladie durant sept longues années. D'autre part, M. Mansouri suggère à l'association nationale des stomisés de fédérer toutes les associations activant à travers le territoire national pour « édifier un plan d'action à même de répondre à l'attente de tous les stomisés assurés ou non ». Enfin, l'association des stomisés de Béjaïa soulève le problème de son siège fermé pour cause de refoulement d'eaux usées. Car « il fait encourir des risques d'infection aux adhérents », compte tenu du type de handicap que ces derniers présentent. A défaut d'une solution endiguant le problème d'inondation par les eaux usées, ils réclament des autorités un échange avec un local « même de moindre superficie ». Pour le président de l'association, ce local est d'une « grande importance » pour l'éducation sanitaire du malade et sa réinsertion dans la société.