Les médias français ont braqué leurs projecteurs sur l'incident du centre de rétention de Vincennes. Tous les jours, les détenus dénoncent leur conditions inhumaines à travers des actions souvent passées sous silence. Projecteurs braqués sur les détenus la nuit, aboiements incessants des chiens, réveil toutes les heures par des haut-parleurs, affichage des noms des expulsés sur un tableau, tabassages, humiliations, nourriture périmée ; les centres de rétention français vous souhaitent la bienvenue. Un accueil chaleureux où la personne qui arrive a le droit à une carte avec un numéro qu'il doit présenter tout le temps. Les nouveaux arrivants qui ne trouvent pas de place n'ont pas de lit. Ils dorment dans un couloir. Face à ces conditions, tous les jours des détenus tentent de se révolter. Depuis le début de l'année, l'association Migreurop est en contact téléphonique quotidiennement avec les immigrés du centre de Vincennes. C'est le même centre qui a pris feu le 22 juin, après une contestation des détenus. Une de plus, pour tenter d'informer l'opinion sur la mort d'un Tunisien survenue la veille. Officiellement, il est mort d'une crise cardiaque. Cependant, la version de l'intérieur du centre de Vincennes est tout autre : il est arrivé au centre avec un traitement psychiatrique. Les médicaments sont interdits dans ce centre, et l'infirmière refusait de lui donner son traitement. Le 21 juin, ses voisins de chambre tentent de le réveiller pour aller voir l'infirmière, impossible. Ils le retournent et voient sa tête bleu turquois, sa bouche et son nez pleins de sang. Son corps était froid. Les deux personnes se mettent à crier. Tout le monde arrive. Les policiers demandent des renforts. Les détenus ont été gazés et repoussés avec les boucliers de la police qui voulait les éloigner. Le corps du Tunisien a été transporté à 21h à l'hôpital, alors que l'incident a eu lieu à 15h. Le lendemain, les détenus ont mis le feu au centre de rétention pour alerter l'opinion publique sur leurs conditions de vie. Personne n'a le droit de leur apporter quelque chose de l'extérieur. Ils n'ont même pas le droit d'avoir un briquet. S'ils désirent fumer une cigarette, ils doivent demander du feu à un policier qui, souvent, les insulte ou les humilie. Des résistances s'organisent tous les jours alors qu'ils sont surveillés de partout par les caméras. Grève de la faim, refus de pointer devant les policiers à n'importe quelle heure, des manifestations criant liberté sont leurs actions. Elles sont souvent réprimées. Comme le soir du 6 avril, lors de ce témoignage bouleversant d'un sans-papiers : « La police a décidé de faire cesser la grève de la faim de force. Les grévistes ont été sortis de leurs chambres pour être conduits au réfectoire, et ont été empêchés de sortir dans la cour et de regagner leurs chambres. Comme ils protestaient, les policiers les ont copieusement matraqués. Deux personnes d'origine égyptienne ont été menottées et conduites ailleurs. Une personne qui se trouvait encore par terre — apparemment victime d'une crise cardiaque — a été transportée à l'hôpital. Trois autres ont été envoyées à l'infirmerie. L'une aurait le bras cassé. Beaucoup avaient des bleus aux yeux. » Les associations, comme Migreurop, ne sont pas autorisées à approcher le centre de rétention. Des manifestations à l'extérieur se sont déroulées après l'incident. Du côté du gouvernement, le Premier ministre a déclaré : « Tout cela ne changera rien à la politique du gouvernement. C'est une politique de respect des lois. On n'a pas à être sur le territoire national quand on n'a pas les papiers et l'autorisation pour y être. » En revanche, passer à tabac des personnes, les humilier fait-il partie du respect des lois. Sur ce sujet, François Fillon ne s'est pas prononcé.