L'Algérie est classée à la 82e place sur la liste des pays exportateurs, avec un montant global qui ne dépasse pas les 1,3 milliard de dollars en 2007, soit une progression d'environ 82% dans un laps de temps de 5 ans. Constat d'échec ? En tout cas, le montant encaissé du fait des exportations est jugé très insignifiant par rapport aux potentialités dont dispose l'Algérie. C'est ce qui ressort d'un exposé présenté hier par le personnel d'Optimexport, un plan naissant destiné à renforcer les capacités exportatrices des PME algériennes. Les matières premières et les produits bruts occupent donc le point culminant des exportations algériennes. Près de 73,3% du volume global sont couverts par les matières premières et 13,3% par les produits bruts. En d'autres termes, les produits « made in Algeria » ne couvrent pas grand-chose des recettes réalisées par les exportateurs, dont le nombre est évalué à environ 400. Les produits alimentaires occupent ainsi 7,2% du volume des exportations, suivis par les équipements industriels (3,8%) et les consommables non alimentaires (2,5%). Se référant à un graphique évaluatif, les exportateurs algériens préfèrent vendre dans la zone euro avec, à la carte, 69% des produits acheminés vers l'Union européenne contre 21% vers le Proche et le Moyen-Orient. La France demeure le premier client de l'Algérie avec un volume de l'ordre de 26,5% du taux global des exports. Viendront ensuite l'Italie (11,3%), les Pays-Bas (10,5%), l'Espagne (9,4%), le Maroc (8,1%), la Belgique (7%), la Turquie (5,3%), la Tunisie (4,5%), le Portugal (2%), l'Inde (1,9%) et autres pays avec un transfert de marchandises estimé à 13,6%. Les dattes (13 400 t vendues en 2007), les boissons (eaux minérales et sodas) et les crevettes occupent la première place des produits agroalimentaires exportés avec des progressions nettes respectives de 41%, 862% et 150%, et ce, en comparaison avec l'année 2002. Quant aux exportations de produits sidérurgiques de l'Algérie, celles-ci font apparaître une importante progression des quantités des déchets ferreux et non ferreux destinés à l'exportation. Une diplomatie d'affaires qui fait défaut Le transfert vers l'étranger des produits laminés a enregistré en 2007 un accroissement de 296% par rapport à 2002. Les ventes à l'export des déchets et débris ferreux et acier ont également progressé de 421%, tandis que les déchets et débris de cuivre, eux, ont augmenté de 413% par rapport à la même année de référence. Les produits alimentaires, quant à eux, connaissent des difficultés d'acier et peinent à s'imposer, voire même à oser l'international. Interrogé en marge du séminaire de « Challenge Optimexport », organisé hier à Alger, Mohamed Bennini, directeur général d'Algex (Agence nationale de promotion du commerce extérieur) a situé les carences au niveau décisionnel de la pyramide. C'est-à-dire qu'il y a en fait absence d'une vision globale en mesure de remédier à cette situation. Notre interlocuteur estime sur sa lancée que la coordination intersectorielle fait également défaut. En d'autres termes, certains maillons de la chaîne, à l'instar de l'administration et autres institutions et organismes concernés, ne sont pas suffisamment impliqués. Quant à la diplomatie d'affaires, M. Bennini considère que cela constitue bel et bien un problème algéro-algérien qui nécessite une sérieuse réflexion. Il regrette le fait que l'Algérie soit mal représentée à l'étranger ainsi que l'absence d'agences censées promouvoir le produit algérien à l'étranger. Les exportateurs présents dans la salle ont dénoncé surtout les lourdeurs bureaucratiques et le manque de lignes de crédit. D'autres ont regretté l'absence de communication, de mesures d'accompagnement et de représentations économiques algériennes à l'étranger. En termes clairs, excepté les ambassades, il y a une absence totale d'institutions algériennes à l'étranger, censées œuvrer dans la promotion de l'économie algérienne et le partenariat avec des investisseurs étrangers. C'est un constat approuvé sans la moindre réserve par le DG de l'Algex. C'est pourquoi l'on arrive à peine à encaisser les 1,3 milliard de dollars grâce aux exportations. Et pourtant, d'après M. Bennini, les exportations algériennes hors hydrocarbures pourraient atteindre les 4 milliards de dollars « si toutes les potentialités des PME algériennes étaient exploitées ». Pour renforcer justement les capacités des PME algériennes à s'élancer dans l'export, les autorités algériennes ont fait appel au programme « Challenge Optimexport ». Cofinancé par le ministère algérien du Commerce, à hauteur de 400 000 euros, et par l'Agence française de développement (AFD) avec 2,1 millions d'euros, le programme « est destiné aux entreprises algériennes exportatrices ou potentiellement exportatrices qui disposeront d'un accompagnement personnalisé de 2 ans ».