C'est parti ! Ce qui n'était au début qu'une idée insolite de Brahim Djellouadji, trésorier d'Amer (organisatrice de l'événement en collaboration avec le ministère du Tourisme) et directeur de l'agence de voyages Méditerranée Europe tourisme (MET) devient enfin une réalité. Les skippers se sont lancés, depuis hier à 13h, en mer Méditerranée à destination de la baie d'Alger. Les vingt-deux prototypes (monocoques de 6,50 m) ont pris le départ de la Marseille-Alger Cup, à proximité du château d'If. Cette course inédite réunit des voiliers d'une dizaine de nationalités (australiens, français, anglais, italiens, allemands…) pour découvrir un parcours inédit. Les concurrents sont attendus dans trois jours sur la baie de Sidi Fredj. « On va faire de la harraga à l'envers ». Cette déclaration de Mourad, un skipper de double nationalité, a fait sourire plus d'un. « Nous voulons plutôt tisser des liens d'amitié », reprend Michel, un vieil amateur de la voile. La construction de son bateau très élégant est inspirée du chebek arabe, construit par Napoléon, au XVIIIe siècle. Lui, qui connaît déjà Alger, ne part pas en concurrent, mais en simple accompagnateur. Mais cette fois, il est presque convaincu que « la régate va créer des liens entre les deux villes », et aussi « essayer de faire des échanges de savoir-faire ». Cela, d'autant plus que les voiliers algériens sur ce plan sont très en retard. Michel estime que pour faire la paix il faut communiquer. Pour lui, « le Maghreb est une île entre la mer Méditerranée et l'océan du sable ». C'est un départ touristique harmonieux pour l'Algérie, commente pour sa part M. Djellouadji. Pour le PDG de l'ONAT, M. Belkasmi, « il y a de l'intérêt, le tourisme se nourrit de beaucoup d'activités ». A ses yeux, ce type d'initiative participe à mettre à flots l'Algérie « en tant que destination touristique ». En tout cas, cette régate se veut une opportunité pour donner un autre sens aux relations qui lient les deux métropoles de la Méditerranée. « Un jour on fait la guerre, cette fois c'est pour l'amitié », dit Michel, allusion faite au lieu de l'arrivée de la régate, Sidi Fredj en l'occurrence. C'est en effet sur cette côte, en 1830, qu'avait eu lieu le premier débarquement des forces françaises. Cela étant, cette Transmed s'annonce très tactique, surtout au passage des Baléares où il faudra faire avec les caprices de la météo. On part un peu « à l'aventure ! » estime Michel pour qui « la traversée en Méditerranée est plus difficile du fait que les vagues sont très courtes et le climat est très fougueux ». Mais cela n'influe en rien sur la détermination de François, un jeune skipper, qui était de la partie. « C'est une traversée de la Méditerranée pour me battre avec mes copains mais ça me fera plaisir aussi de voir Alger. » No comment ! Le plaisir pour tous est au niveau des échanges entre les deux villes surtout. Comme ce fut à bord du bateau Tarek Ibn Ziad à la veille du départ de cette régate. Le public a été en effet émerveillé par quelques morceaux de chaâbi interprétés par Riad Kesbadji, Abdelhamid Djellouadji et Réda Teliani qui a gratifié le public de son dernier album. Il convient de noter enfin que cette compétition sportive s'est d'ores et déjà inscrite dans la durée puisqu'elle est désormais consignée sur les tablettes des compétitions officielles homologuées par la Fédération internationale des sports à voile (FIV).