Les 4000 travailleurs du groupe Tonic Emballage ont décidé, hier, de passer à la vitesse supérieure et saisir la justice contre, mentionnent-ils, « les trois parties responsables de la situation intenable dans laquelle s'est enlisée l'entreprise ». Il s'agit de l'administrateur judiciaire, des propriétaires et de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR). Les représentants des travailleurs, qui ont animé un point de presse dans les locaux de la Maison de la presse (Alger), ont mis en avant ce qu'ils considèrent comme étant « des dépassements dangereux et un comportement frauduleux de l'administrateur judiciaire désigné pour le contrôle de l'entreprise » pour expliquer leur action. Pour eux, « la dégradation de la situation au niveau du groupe Tonic Emballage est l'effet direct de la désignation de Rachid Bouraoui pour son contrôle judiciaire ». Il convient de rappeler que la décision de mettre Tonic Emballage sous contrôle judiciaire remonte au 27 octobre 2007 et avait été prise par le doyen des juges du tribunal de Sidi M'hamed. Les délégués de la cellule syndicale de Tonic Emballage n'ont pas hésité, hier, à laver en public le linge sale de l'entreprise. L'administrateur judiciaire était dans la ligne de mire et a encaissé le plus grand lot des récriminations. « Rachid Bouraoui n'avait pas hésité à divulguer des secrets sensibles propres à Tonic Emballage. Il est aussi auteur de transactions suspectes avec d'autres entreprises où il assumait le rôle d'associé ou d'administrateur », lit-on dans un communiqué diffusé, hier, par la cellule syndicale de Tonic Emballage. Le représentant des travailleurs a indiqué à la presse que cet administrateur judiciaire « a dépassé ses prérogatives et a rédigé de faux rapports pour induire en erreur la justice et la banque ». Et de lâcher, sans la moindre réserve, une autre accusation de taille, celle « de l'enrichissement illégal de l'administrateur judiciaire ». Ce dernier, d'après le syndicaliste, semble « disposer d'un salaire qui dépasse les 50 millions de centimes (500 000 DA) ». Les employés, confrontés à un avenir incertain, se sont insurgés également contre ce qu'ils appellent « entraves au fonctionnement des unités de production ». Une fois de plus, c'est l'administrateur judiciaire, M. Bouraoui, qui est accablé de reproches. « Il a bloqué les salaires des travailleurs, les matières premières au port et a négligé le paiement des factures de la Sonelgaz et des impôts », lit-on aussi sur le communiqué du syndicat, signé par Belouti Omar, porte-voix de la cellule syndicale. En un mot, les salariés de Tonic Emballage se disent convaincus que l'administrateur judiciaire « assurait sans l'ombre d'un doute la mission de liquidateur » et entendent désormais ne plus lésiner sur les moyens pour « faire valoir leurs droits ». Ils ont ainsi décidé d'introduire une plainte en justice contre l'administrateur judiciaire, Rachid Bouraoui. Le procureur général près la cour d'Alger a été également saisi pour ouvrir une enquête au sujet des « dépassements dangereux » de l'administrateur judiciaire. L'onde de choc qu'a provoqué la colère des travailleurs a atteint également les propriétaires du groupe Tonic Emballage ainsi que les responsables au niveau de la BADR. L'autre plainte concerne donc ces deux autres parties, alors qu'une autre procédure en référé est déjà en cours et concerne « l'aspect urgent de la chose qui est les salaires bloqués et la matière première ». Cette procédure connaîtra ses premiers résultats le 6 du mois en cours. En attendant de découvrir les tenants et aboutissants de cette affaire, les 4 000 travailleurs ne comptent pas faire le baroud d'honneur de sitôt. A signaler que toutes nos tentatives de joindre le P-DG de l'entreprise, Abdelghani Djerrar, et l'administrateur judiciaire de Tonic pour receuillir leurs réctions ont été vaines.