Les Italiens s'intéressent au complexe Tonic Emballage. « Nous avons une entrevue avec l'administrateur judiciaire de Tonic Emballage cet après-midi » (hier, ndlr). Les Italiens évaluent toutes les possibilités d'investissement en Algérie. Nous sommes intéressés par l'industrie papetière locale. Pour le cas de Tonic, cela dépend de la réponse que va nous réserver l'administrateur du groupe », a révélé Samuel Porsia, directeur de l'Institut italien pour le commerce (ICE), joint hier par téléphone. Une délégation d'opérateurs italiens, maghrébins et français s'est rendue hier sur le site de l'entreprise, sis à Bou Ismaïl dans la wilaya de Tipaza. Officiellement, cette visite s'inscrit dans le cadre du projet Paper Med, cofinancé par le programme européen Invest In Med, dont l'objectif est de développer la coopération entre les industriels du secteur aux plans maghrébin et méditerranéen. Considéré comme un « mastodonte » de l'industrie papetière algérienne, le groupe Tonic, composé de 11 sociétés à responsabilité limitée, s'est retrouvé après quelques années d'activité englué dans des problèmes de surendettement et d'incapacité de remboursement. Les Italiens, en tant que fournisseurs des équipements de production, souhaitent y mettre un pied. « Tonic emballage est sous séquestre administratif. Cette entreprise a réalisé un investissement important à partir des équipements de production de marque italienne. C'est sur recommandation de l'association qui a fourni ces équipements que nous avons décidé de voir cet opérateur afin d'établir un état des lieux », ajoutera-t-il, en estimant que les Italiens accordent un intérêt particulier au transfert des technologies. Partie prenante du projet Paper Med, Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), a estimé que les hommes d'affaires italiens ont l'intention d'investir en Algérie dans un secteur « longtemps délaissé ». Toutefois, il infirmera l'idée selon laquelle la visite du site du groupe Tonic a pour vocation de prospecter des possibilités « d'acheter » le groupe. Il s'agit plutôt, selon lui, de répondre aux besoins locaux en matière de transfert du savoir-faire et de la technologie, et ce, dans le cadre d'un partenariat « gagnant-gagnant ». Depuis la chute de Tonic Emballage, un géant aux pieds d'argile, les appétits se sont aiguisés. En 2008, la presse a cité le groupe Cevital et le fonds d'investissement américain Carlyle, comme d'éventuels acheteurs. Rien n'a filtré depuis. Quelque temps après, Ahmed Ouyahia et Karim Djoudi, respectivement, Premier ministre et ministre des Finances, ont évoqué clairement la volonté des pouvoirs publics de secourir ledit groupe. Dernier en date, le Forum des chefs d'entreprise de Réda Hamiani a exprimé dans une lettre adressée à Ahmed Ouyahia, fin avril 2009, sa vive inquiétude concernant la situation de pourrissement dans laquelle se trouve le groupe en question. La solution proposée par le FCE consiste à « sauvegarder l'important outil de production Tonic Emballage à travers un partenariat avec d'autres investisseurs privés algériens à construire sur la base de l'élargissement de l'actionnariat du groupe Tonic, la fusion de toutes les sociétés qui le constituent et la création d'une société par actions unique, qui reprendra et poursuivra les activités du groupe ». Pour rappel, les besoins du marché algérien en papier et carton s'élevaient à 500 000 t en 2006, satisfaits à raison de 55% par l'importation, selon les statistiques officielles. Les exportations italiennes en papier à destination de l'Algérie représentent un montant de plus de 30 millions d'euros en 2008, d'après les explications de M. Porsia. Pour les besoins de son industrie papetière, l'Algérie a également importé d'Italie des équipements destinés à la production papetière d'une valeur de 923 millions d'euros en 2008 contre 587 millions d'euros en 2007, soit une augmentation de 55%.