Les salariés de Tonic Emballage se sont insurgés hier contre ce qu'ils appellent les « agissements douteux de l'administrateur judiciaire de Tonic Emballage ». L'onde de choc de ce qu'on appelle « affaire Tonic » commence à se faire ressentir. Du moins sur le plan social. Les 4000 travailleurs que comptent les listes du groupe Tonic sont confrontés désormais, disent-ils, à un sérieux risque d'un lendemain incertain. Regroupés hier au niveau du site dit El Wencharis, affilié au groupe Tonic, les salariés se sont insurgés surtout contre ce qu'ils appellent « agissements douteux de l'administrateur judiciaire de Tonic Emballage ». Les travailleurs demandent simplement et clairement « le départ » de l'administrateur judiciaire qui, d'après eux, est à l'origine de la crise dans laquelle s'est embourbée l'entreprise. Pour ainsi dire, après une période de « beau temps », les travailleurs ressentent une sérieuse grisaille qui pointe à l'horizon. « L'entreprise roule à un régime des plus faibles, l'approvisionnement en matières premières et en pièces de rechange pour l'entretien des machines, des engins et des véhicules n'est plus assuré d'une manière ordinaire », témoigne un représentant de ces travailleurs sur un ton qui trahit une peur du lendemain. « La crise traîne déjà depuis six mois et les salaires sont versés avec d'énormes retards », a-t-il ajouté. A l'origine de cette affaire, un méga crédit estimé à 65 milliards de dinars. Lequel crédit, accordé par la BADR, est jugé excessif pour que Tonic Emballage puisse le rembourser dans les délais contractuels de cinq années. Entre 2006 et 2007, le groupe Tonic a pu éponger une somme de 11 milliards de dinars, sur l'ensemble de la dette tirée des caisses de la BADR. A la suite de cette affaire, le patron de Tonic et trois cadres de la Badr ont été mis sous contrôle judiciaire « pour octroi de prêts sans garanties suffisantes et dilapidation de deniers publics ». Le flash-back de cette affaire a mis en colère hier les travailleurs de Tonic. L'un d'entre eux a répliqué : « On veut nous assimiler à des agents de Khalifa. Nous, travailleurs de l'entreprise, ne cherchons qu'à préserver nos emplois. Nous ne sommes pas issus de l'entreprise Khalifa. » Les salariés n'évoquent, en guise de solution, que la relance de la production pour que le spectre du chômage soit évincé. Pour que cela puisse se produire, il est impératif, selon eux, « d'autoriser l'entreprise à se doter de sa matière première, de relancer le projet de la station de dessalement de l'eau de mer que l'entreprise avait pu acheminer vers l'Algérie depuis les Etats-Unis d'Amérique », suggère-t-on également. Mais tout cela ne semble tenir qu'à un seul fil : « Le départ de l'administrateur judiciaire de Tonic Emballage », à entendre les travailleurs et les récupérateurs qui se sont regroupés hier au niveau du site d'El Wancharis. Pour le moment, les machines ne fonctionnent « que grâce à la bénédiction de la petite quantité de matière première qui reste, mais aussi à tous les camions-citernes mobilisés pour approvisionner ses usines en eau », s'accordent à dire encore les salariés. En attendant des jours meilleurs, les salariés de Tonic Emballage continuent à faire face au spectre du chômage. Ils sont près de 4000 à être pris en otage.