A l'occasion du 10e anniversaire du conseil national de l'Ordre des médecins et en marge de la journée organisée à Constantine, nous avons saisi l'opportunité de nous entretenir avec son président, Mohamed Bekkat- Berkani, sur les sujets de l'heure concernant son secteur. D'emblée, le docteur Bekkat a tenu à souligner la liberté d'action de l'Ordre des médecins qui ne vit que de subventions de ses adhérents et « qui dit souvent non quand il faut le dire ». S'attaquant au temps complémentaire, il a affirmé : « L'Ordre des médecins a été et est toujours contre la loi du temps complémentaire qui a fait beaucoup de dégâts aussi bien dans la formation des médecins que dans les actes médicaux. Il faut abroger cette loi au plus vite, car elle a été promulguée pour suppléer au manque de praticien alors qu'aujourd'hui ce manque n'existe plus. Il est possible pour un médecin de choisir le privé ou le public sans aucune incidence pour l'un ou l'autre secteur. » A propos du médicament générique, M. Bekkat a insisté sur « l'impératif de l'adopter au plus vite », car « il y va tout simplement de la survie de la Cnas et du système médical algérien ». De plus, « il faut encourager les producteurs nationaux ». Notre interlocuteur a dénoncé au passage « les médecins asservis aux laboratoires étrangers qui continuent de prescrire les médicaments princeps contre des avantages matériels, ainsi que certains producteurs qui font de la vente concomitante ». Le conseil de l'Ordre, d'ailleurs, devant cet état de fait, a décidé d'avoir un droit de regard sur l'usage de l'argent des sponsors. Concernant les médecins étrangers qui viennent les week-ends pour pratiquer des actes chirurgicaux ou des cycles de formation rapide, le conseil de l'Ordre, par le biais de son président, s'est dressé contre ce « commerce illégitime » tout en soulignant l'importance du recyclage des médecins algériens qui manque énormément. Pour la petite histoire, les médecins canadiens sont assujettis à un recyclage obligatoire tous les 5 ans. C'était aussi pour nous l'occasion de demander l'avis du président de l'ordre concernant l'affaire des circoncis d'El Khroub, où il y a eu condamnation de médecins. « Au sein de l'ordre, nous jugeons des actes et non des personnes. Il est clair que les médecins d'El Khroub n'avaient pas à pratiquer des actes chirurgicaux en masse, surtout hors de l'enceinte sanitaire. Il est clair aussi qu'ils ne sont pas les seuls responsables. Il se trouve qu'on ne nous a pas demandé notre avis sur cette malheureuse affaire, mais nous ne commenterons pas une action de justice. Sachez quand même qu'une décision du conseil de l'ordre se traduira dès le mois de novembre prochain par les actes par le biais de l'administration. » Il faut savoir qu'actuellement 15 médecins sont incarcérés, essentiellement des psychiatres et des gynécologues.