On attendait l'inverse. Ahmed Ouyahia à Charm El Cheikh, en tant que représentant, envoyé spécial, reporter ou agent de change du Président et le Président en Algérie. Ce n'est pas le cas. Ahmed Ouyahia est au gouvernement, à Alger, et a déjà commencé à fouetter ses ministres pendant que le Président est en Egypte, à Charm El Cheikh. L'occasion de se poser une nouvelle fois la question : depuis quand le président de la République algérienne n'a-t-il pas visité l'Algérie ? Tout avait pourtant bien commencé cette année, en janvier il était à Tamanrasset, la wilaya la plus éloignée d'El Mouradia. Puis subitement, alors que tout le monde attendait une série de visites, il a bifurqué vers les lignes internationales pour aller en Ethiopie puis en Tunisie, en Russie, en Egypte, au Sénégal, en Syrie, au Qatar, au Koweït, aux Emirats arabes et en Libye. Depuis longtemps, il ne sort plus, sauf à l'extérieur du pays, tel un ministre des Affaires étrangères, ce qu'il a d'ailleurs été il y a longtemps. Ses nombreux déplacements à l'étranger montrant qu'il n'est pas aussi malade que tout le monde le dit, reste la thèse de la sécurité, même si sa descente à Tamanrasset s'est déroulée après l'attentat manqué contre lui à Batna. Le constat serait dramatique : les services de sécurité sont incapables de protéger un Président avec tous les moyens dont ils disposent aujourd'hui. A moins que le Président n'ait pas confiance dans ses services de sécurité. Dans tous les cas, l'évidence est là : l'Algérie n'est pas un pays sûr pour ses présidents, le dernier a d'ailleurs démissionné et l'avant-dernier assassiné. Pourtant, au plus fort des attentats antiaméricains, même George Bush est allé en Irak rendre visite à ses troupes, dans un joli blouson pare-balles. Est-il plus risqué pour un président algérien d'aller à Boumerdès ou pour un président américain d'aller à Baghdad ?