La rencontre de Tiaret, tenue dans l'enceinte de la salle des conférences Mustapha Mekki, qui devait consacrer l'élection du CLOA (comité local de l'ordre des architectes) de Tiaret, lequel englobe les wilayas de Tissemsilt, Saïda, Djelfa, El Bayadh, Mascara et aussi Naâma et Laghouat, incluses dernièrement, a tourné court. Bien plus, la rencontre, déjà appréhendée du fait d'un communiqué de presse signé par 12 des 16 conseils locaux et largement commenté dans les travées de la salle, a failli être annulée. Une quarantaine de personnes, sur les 300 potentiels, ont fait le déplacement. Certains d'entre eux avaient, de vive voix, imputé ce boycott qui ne dit pas son nom à une consigne. Melle Bouhired Houria, la présidente, et son secrétaire général, M. Belahcène, avaient du mal à entamer les travaux devant un auditoire déboussolé. Pour ajouter du piquant et titiller la fibre de la corporation, l'on a été jusqu'à gratifier la famille de Melle Amel Aoued, jeune architecte décédée des suites d'un accident de voiture, d'un hommage des plus symboliques, avec remise d'un bouquet de fleurs et d'un tableau d'honneur et sollicitations de ses pairs d'aider son cabinet à achever ses études. La suite fut un long dialogue de sourd sur l'approche à tenir avant le congrès. Fallait-il procéder à l'élection du CLOA ou, comme le réclamait l'autre aile dissidente, opter pour un nouveau mode opératoire, à savoir l'élection du Comité local de wilaya ? Si pour la présidente « l'objectif est le même, car la problématique est autre que celle liée à l'organisation interne », pour d'autres, à l'exemple de Bachir Sekouane, président du CLOA de Tiaret, la présidente, nous dira t-il en aparté, « cherche à prolonger son mandat par des moyens subtils, alors que la majorité des architectes œuvre pour le redressement de l'ordre et sa réforme dans un cadre légal et transparent ». Grogne Notre interlocuteur ne s'est d'ailleurs pas gêné de rappeler à la présidente son avis de dissolution des CLOA via la presse, qu'il qualifie de méprise. La réplique de la présidente n'a pas tardé, avec tact d'ailleurs. Pour elle, « certains des protestataires qui parlent aujourd'hui d'une refonte des structures, sont ceux-là qui avaient participé en 2006 à l'élaboration des textes, cassette à l'appui », renchérit-elle. Au-delà de la grogne qui a quand même déteint sur les travaux du CLOA-Tiaret, il y a, diront d'autres, des enjeux et une réelle volonté de mainmise sur la direction. La salle était divisée sur l'approche. Il y a ceux qui se demandaient pourquoi ils ont été convoqués alors qu'« une consigne aurait été donnée pour boycotter la rencontre ». M. Sekouane, indexé comme étant l'architecte de ce couac, aura été pour ainsi dire l'élément catalyseur en arguant le fait que seul un organe élu à l'échelle de la wilaya garantirait l'efficacité car, ajoute-t-il, « on ne peut pas aller à l'encontre de la volonté des architectes ». Accusant le coup, Bouhired Houria revient à la charge mais en concédant à son détracteur du jour l'option choisie et lui a même fixé un délais pour procéder à des élections locales avant fin juillet. Le congrès national, ajoute-t-elle, devrait se tenir après le ramadhan. C'est-à-dire en octobre, sans fixer de date. Est-ce une victoire pour cette aile ou au contraire une manœuvre destinée à étouffer dans l'œuf la protesta ? Melle Bouhired aura tout de même tout fait pour sauver les meubles en tentant d'orienter le débat sur la problématique qui aurait dû préoccuper la corporation. « Aujourd'hui, il y a des étrangers qui viennent manger notre pain, alors que l'architecte algérien reste sous valorisé sinon méprisé, sous-payé », dit-elle. « J'ai vu, enchaîne-t-elle, des architectes à l'Est du pays rétribués jusqu'à 20 000 dinars par mois, sans application de la réciprocité avec certains pays frères comme le Maroc et la Tunisie. »