Le point d'interrogation a fait l'objet, à lui seul, d'un colloque international tenu en avril 1997 à Tamanrasset. Les actes du colloque ont fait l'objet d'un recueil édité au mois de mars dernier, aux éditions du Tell à Blida, sous la coordination des auteurs : Amina Azza Bekkat, Afifa Bererhi et Benaouda Lebdaï. 24 interventions classées dans quatre grands chapitres dont un dossier réservé à Tierno Monenembo, un monstre guinéen de la littérature, de son vrai nom Thirno Saidou Diallo. Riche culture des peuls, exilé volontaire fuyant la dictature de Sékou Touré en parcourant à pied 150 kilomètres en direction du Sénégal. Il écrira Un rêve utile qui a pour décor la ville de Lyon où « vit une africanaille qui préfère la précarité de l'exil et des conditions de vie souvent hasardeuses au retour dans un pays en proie aux persécutions et aux exactions », comme le précise Amina Azza Bekkat dans la présentation de l'homme, page 241. Le livre, publié avec le concours du Centre culturel français d'Alger (CCF), se lit d'un trait. Monenembo considère le débat linguistique africain comme permanent et parfois mortel. Passion, séduction, agacement sont les termes qui reviennent, et cela accroche mieux lorsque toutes les métaphores possibles sont présentes. Races, peuples, civilisations et langues se côtoient et s'entre-déchirent. Le Coran est lu en peul, Kateb Yacine en français ; butin de guerre, aliénation, acculturation. Le point d'interrogation n'est pas le seul à être posé, soulignent les auteurs coordonnateurs : « post » peut avoir également le sens de « néo » et le contexte historique est mieux situé lorsque le trait d'union est posé. Explications parfois contradictoires soulignent les auteurs, mais laissent deviner un riche débat qui permet le plaisir de lire en ces périodes chaudes de l'année, un autre symbole de l'Afrique. A. A. Bekkat, A. Bererhi, B Lebdai, Littératures africaines au XXIe siècle, éditions du Tell, Blida, 2008, 252 p.