Le sommet du G8 pourrait-il produire autre chose que des déclarations de bonnes intentions en matière d'environnement ? Alors que les analystes restent sceptiques, les représentants des huit pays les plus industrialisés au monde font montre de bonne volonté. Le président américain George W. Bush s'est engagé à jouer « un rôle constructif dans la lutte contre les émissions de gaz carbonique (CO2) », à condition d'associer l'Inde et la Chine à cette démarche. L'élection présidentielle s'approchant aux Etats-Unis, les analystes s'attendent à voir une administration du président George W. Bush plutôt sur la réserve. Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays assume la présidence tournante de l'Union européenne, devrait, quant à lui, prendre des initiatives sur l'environnement et l'énergie, une bonne occasion, dit-on, pour faire un peu de « publicité politique ». Dans les faits, et selon une étude du Fonds mondial pour la nature publiée jeudi dernier, aucun des pays du G8 n'est prêt à respecter ses engagements dans la lutte contre les changements climatiques. Selon l'étude, les membres du G8 doivent réduire leurs émissions de GES d'au moins 80% par rapport à 1990, d'ici à 2050, afin de limiter à 2 degrès le réchauffement de la planète. De plus, le Fonds demande que les pays industrialisés s'engagent à réduire leurs émissions de 25% à 40% par rapport à 1990, et ce, d'ici à 2020. Après leur accord a minima au dernier sommet du G8 en Allemagne, en juin 2007, promettant d'« envisager sérieusement » une réduction d'au moins 50% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, les « Huit » se disent pressés de confirmer un véritable engagement en ce sens. Le G8 s'apprêterait ainsi à annoncer « une réduction de moitié d'ici à 2050 » de ses émissions de gaz à effet de serre, a assuré dimanche dernier la presse japonaise, citant le projet de déclaration finale. Le Japon a promis, en juin dernier, une réduction de 60% à 80% de ses émissions en 2050 par rapport à 2005, et a évoqué une possible réduction de 14% d'ici à 2020, sans autre engagement. Ce sommet du « club des grands » sera le premier ces dernières années à accorder un statut de priorité au changement climatique, plutôt qu'à l'agriculture ou à la sécurité, comme précédemment. Les experts estiment que les pays européens ont l'intention de constituer des règles du jeu en leur faveur, afin de « renforcer leur compétitivité internationale face aux Etats-Unis et au Japon ». Un expert japonais de la question environnementale, Ryo Fujikura, a précisé à des agences de presse que « les pays en voie de développement, notamment la Chine et l'Inde, n'accepteront pas d'avoir le mécanisme sectoriel comme base pour fixer les objectifs de réduction ». Il a fait savoir qu'il n'était pas optimiste quant aux progrès tangibles du sommet et qu'« une résolution substantielle paraît difficile à obtenir ». De son côté, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a fait savoir qu'il « défendra » les biocarburants et demandera aux pays industrialisés de faire davantage pour lutter contre le réchauffement climatique.