Il est venu, il a parlé. En maître ! Comme cela allait de soi. Il, c'est bien évidemment le président américain, Bush-Junior, qui a fait le déplacement mexicain, écrasant de son mépris la conférence de l'ONU sur le financement du développement. Parlant haut, George W. Bush imposa à tous les conditions qui, selon lui, doivent être remplies par les «indigents» prétendants à l'aide internationale généralement, américaine particulièrement. Les pauvres n'avaient qu'à ne pas être pauvres. Tiens ! Plus sérieusement, le président Bush ne manquait pas de souffle lorsqu'il monta en épingle les minuscules efforts consentis par les Etats-Unis dans leur aide publique au développement. L'aide publique américaine est l'une des plus faibles relativement aux contributions des pays riches et celles de l'Union européenne. L'aide américaine, qui est de 0,1% de leur PNB (Produit national brut), sera portée, annonce Bush, à... 0,13%, d'ici à 2007 contre 0,33%, actuellement, à 0,39% à l'horizon 2006, pour l'UE. C'est dire la générosité de l'Oncle Sam. Mais ce qui, en fait, souleva l'ire des participants à la conférence de Monterrey, ce sont les conditions que pose le président américain pour que les pauvres aient droit à l'aumône américaine. C'est ainsi que l'antienne de la bonne gouvernance, des droits de l'Homme, et autres exigences aujourd'hui fortement galvaudées, sont mis en avant par George W.Bush qui semble bien vivre sur une autre planète. Ce qui n'a pas manqué de faire railler le représentant de l'ONG britannique «War on Want» selon lequel «si on regarde l'étendue des conditions posées, il faut être très fort pour trouver des pays qui remplissent les critères américains» condamnant aussi l'attitude «méprisante» du président Bush. Pour Greenpeace, il n'y avait pas de doute. «L'appel à la bonne gouvernance est particulièrement hypocrite venant des Etats-Unis qui rejettent les accords environnementaux internationaux et les traités de désarmement et où une entreprise comme Enron était considérée comme une entreprise internationale à succès. Vraiment, peuvent-ils montrer l'exemple?», s'indigne l'ONG internationale. De fait, la conférence de l'ONU sur le financement du développement «Consensus de Monterrey» s'avère, tout compte fait, un sommet de dupes où, une fois encore, les pauvres, les laissés-pour-compte de la planète, seront sacrifiés sur l'autel des intérêts des plus riches plus préoccupés de veiller à élargir les débouchés de leurs produits, que véritablement intéressés à réduire le fossé entre les pays industrialisés et les pays en développement... Quand George W.Bush parle de libre entreprise, d'ouverture commerciale, d'économie de marché pour les pays en développement, on voit bien que son souci réel va aux multinationales, auxquelles il veut donner un coup de main, alors même que la notion du marché et du commerce, du moins tel que le conçoivent les Américains, est une vue de l'esprit et n'a aucun impact sur la vie de tous les jours de peuples qui luttent pour leur survie. Nous sommes bien dans deux mondes, et sans doute qu'il appartient, en premier lieu, aux riches, particulièrement les Américains de descendre enfin de leur Olympe.