Le pouvoir et l'opposition du Zimbabwe, qui s'opposent sur la légitimité du président Robert Mugabe, devraient entamer prochainement un dialogue pour trouver une issue à la crise, a déclaré hier le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa. « Les discussions vont bientôt reprendre, mais je ne peux pas dire quand ni où elles auront lieu », a indiqué M. Chinamasa, qui est également le négociateur du parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). La Zanu-PF et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) avaient entamé un dialogue en mars 2007 sous l'égide du président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par ses pairs d'Afrique australe. Les discussions avaient été interrompues avant le second tour de l'élection présidentielle, le 27 juin, boycottée par l'opposition en raison des violences contre ses partisans. Samedi dernier, une table ronde a réuni au siège de la présidence à Harare le président Mbeki, Robert Mugabe et des représentants d'une aile dissidente du MDC. Mais la branche principale du MDC, dirigée par Morgan Tsvangirai, avait refusé de se rendre à la résidence présidentielle. Patrick Chinamasa a assuré, hier, que les prochaines rencontres auraient lieu en présence de tous les acteurs : « Ne croyez pas que la faction (de Morgan Tsvangirai) ne sera pas représentée, tout le monde sera représenté lors de ces discussions ». « Un dialogue est inévitable, mais rien n'est prévu pour l'instant », a commenté le secrétaire général du MDC, Tendai Biti. Jusqu'à présent, les deux camps se sont dit prêts à se parler, tout en s'opposant sur l'objet et la base du dialogue. Le président Mugabe exige d'être reconnu comme chef de l'Etat et envisage un gouvernement d'union nationale. Le MDC y est opposé et ne souhaite qu'un accord transitoire en vue de nouvelles élections. Au Japon où il se trouvait, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a prévenu les dirigeants du G8 réunis au Japon que les « sanctions contre le Zimbabwe ne serviront à rien » pour résoudre la crise dans ce pays. « Nous, Africains, avons proposé de poursuivre la médiation en cours » du président Thabo Mbeki, a dit M. Wade. De son côté, la Russie est opposée à des sanctions contre le Zimbabwe et souhaite la poursuite de négociations pour sortir ce pays de la crise. « La Russie est contre des sanctions financières ou d'autre nature contre le Zimbabwe. Nous ne croyons pas aux sanctions dans ce cas particulier », a déclaré Alexandre Pankine, un des négociateurs russes au sommet, lors d'un point de presse. « Menacer avec des sanctions n'est pas la meilleure façon de régler le problème », a ajouté ce haut diplomate. Plusieurs membres du G8 – Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne notamment – plaident pour une politique de fermeté à l'égard du régime de Robert Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis 1980 et réélu en juin au terme d'un scrutin qualifié de « truqué » par le président George W. Bush. La position de la Russie, qui possède un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, compromet sérieusement un projet de résolution américain appelant à un gel des avoirs financiers et une interdiction de voyager à l'étranger pour douze personnalités zimbabwéennes, dont M. Mugabe.