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Dialogue discret entre pouvoir et opposition
Zimbabwe
Publié dans Le Maghreb le 12 - 07 - 2008


Les discussions à Pretoria entre le parti du président Robert Mugabe et l'opposition pour trouver une solution à l'impasse politique au Zimbabwe ont été suspendues jeudi soir et ont repris hier matin, tandis qu'un vote à l'ONU sur des sanctions contre le pays était remis à plus tard. "Nous avons présenté nos conditions pour négocier lors de cette réunion qui reprendra demain matin (vendredi). Il s'agit d'un processus en cours et nous devrions arriver à quelque chose", a déclaré le porte-parole en Afrique du Sud du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Nqobizitha Mlilo, interrogé à l'issue de la réunion. Ces conditions, en cours de discussion, incluent notamment un arrêt immédiat des violences, la libération de plus de 1.500 prisonniers politiques et la constitution d'une équipe de médiation élargie comprenant un envoyé permanent de l'Union africaine, a précisé le MDC dans un communiqué. Le pouvoir et l'opposition au Zimbabwe se sont retrouvés jeudi à Pretoria, pour la première fois depuis la réélection controversée du président Robert Mugabe, pour tenter de trouver une sortie de crise négociée dans leur pays.Les deux négociateurs de la Zanu-PF, le ministre de la Justice Patrick Chinamasa et le ministre du Travail Nicholas Goche, étaient "partis hier" pour l'Afrique du Sud, a ajouté une source au sein du parti au pouvoir, sous couvert d'anonymat. Le négociateur en chef du MDC, Tendai Biti, s'est envolé tôt jeudi matin pour des discussions préliminaires destinées à définir le cadre du dialogue, selon une source au sein du MDC. Le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, s'est contenté d'évoquer des consultations prévues pour définir "les objectifs" ainsi que "les conditions et les mécanismes du dialogue". "Etant donné l'ampleur de la crise dans le pays, nous devons résoudre ces questions le plus rapidement possible, certainement en moins d'un mois", a-t-il ajouté.Le Zimbabwe, où la situation politique est tendue depuis plusieurs années, traverse une crise sans précédent depuis la déroute du régime aux élections générales du 29 mars. Le MDC et la Zanu-PF se sont toujours dits favorables au dialogue, mais sont en désaccord total sur les bases et le cadre du dialogue: Robert Mugabe exige d'être reconnu comme le chef de l'Etat, ce que l'opposition refuse catégoriquement.Le MDC, qui assure que 109 de ses partisans ont été tués en trois mois, réclame l'arrêt des violences. Le parti, qui a régulièrement accusé le président Mbeki de complaisance envers son homologue, a également demandé la nomination d'un envoyé spécial de l'UA ou de l'ONU pour seconder sa médiation. Plusieurs organisations, dont l'ONU, ont déploré une escalade des violences après le scrutin et estimé qu'elles pouvaient largement être imputées aux fidèles du président. Ecoeuré par ces attaques, le chef du MDC, Morgan Tsvangirai, pourtant arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, s'est retiré de la course. Le régime a maintenu le second tour le 27 juin, que l'unique candidat Robert Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, a logiquement remporté. L'opposition et l'Occident ont refusé de reconnaître sa réélection mais le vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur des sanctions contre le Zimbabwe a été reporté jeudi, plusieurs membres ayant préféré soutenir les négociations en cours entre Harare et son opposition sous égide sud-africaine, a annoncé le président du Conseil. L'ambassadeur du Vietnam, Le Luong Minh, qui préside le Conseil en juillet, a déclaré à la presse que les Etats-Unis, rédacteurs du projet de résolution, n'avaient pas essayé d'obtenir un vote jeudi après une tentative infructueuse la veille. Il a indiqué que le Vietnam et plusieurs autres Etats membres estiment nécessaire "de soutenir les efforts de bons offices déployés par les pays de la région et les organisations régionales." "Nous assistons actuellement à des efforts de la part de l'Union africaine (UA) et de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) et nous pensons qu'ils doivent être soutenus", a-t-il ajouté. Six membres du Conseil de sécurité - Afrique du sud, Chine, Indonésie, Libye, Russie et Vietnam - sont hostiles à l'implication du Conseil dans la crise zimbabwéenne. Ils estiment qu'il s'agit d'un problème intérieur pouvant être réglé par la diplomatie régionale et ne présentant pas une menace pour la paix et la sécurité internationale, seul champ de compétence du Conseil, et que celui-ci n'a pas vocation à arbitrer des élections. La délégation américaine à l'ONU avait espéré un vote dès mercredi soir sur son texte, qui prévoit un embargo sur les armes à destination du Zimbabwe et un gel des avoirs financiers, ainsi qu'une interdiction de voyager à l'étranger, visant quatorze de ses ressortissants, dont le président Robert Mugabe. La présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, a apporté jeudi son soutien à ce projet, estimant que cela enverrait un "message fort" en Afrique.

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