Entre un oui, un non et un oui mais… la classe politique est bien partagée sur le nouveau découpage administratif, annoncé le 5 juillet par le chef de l'Etat. Le nouveau découpage qui consiste en la création de wilayas déléguées y est différemment apprécié. Au RCD, on considère cette réforme administrative comme « une fausse piste ». Dans un communiqué rendu public hier, le parti de Saïd Sadi, qui revendique depuis des années la régionalisation positive, estime qu'élever des daïras déjà existantes au rang de wilayas déléguées transitoires — en attendant qu'elles deviennent wilayas à part entière — ne servira nullement les intérêts du citoyen. « Les niches administratives destinées à caser les clientèles du régime ont toujours produit les mêmes résultats : népotisme, abus d'autorité et prédation », souligne-t-on dans le même communiqué. Le RCD réprouve ainsi cette réforme, regrettant que « le pouvoir s'est saisi d'une revendication de l'opposition démocratique pour en pervertir la conception et détourner l'application ». La même « meilleure réforme » est, aux yeux de ce parti, d'aller vers des instances régionales élues par le peuple, à l'instar de ce qui se fait dans des pays où la pratique démocratique est réelle. « Le projet de société du RCD, précise-t-on encore, propose des institutions régionales élues avec de larges prérogatives qui doivent être mises au service du développement de la nation, au lieu d'être l'instrument de manœuvres de dirigeants en mal de stratégie et de perspectives nationales. » Le parti de Sadi plaide ainsi pour ce qu'il appelle « la démocratie de proximité », seul rempart contre la corruption et son corollaire, à savoir le sous-développement. Au Parti des travailleurs (PT), on applaudit cette réforme tout en tempérant leur position. Contacté par téléphone, Djelloul Djoudi, membre de la direction nationale, se montre satisfait en évoquant le nouveau découpage tel qu'annoncé par le président Bouteflika. Pour lui, aller vers la création de wilayas déléguées ne peut être qu'« une bonne chose » pour le pays. « Nous l'avons réclamé depuis des années », souligne-t-il, affirmant que cela va permettre de « rapprocher l'administration du citoyen ». M. Djoudi relève les distances énormes qui séparent certaines régions des chefs-lieux administratifs, en citant au passage le cas de la daïra d'In Salah, située à 700 km au nord de Tamanrasset. Il espère cependant que l'Etat mettra les moyens nécessaires à la disposition de ces nouvelles circonscriptions administratives régionales afin qu'elles puissent agir pour prendre en charge convenablement les multiples problèmes des citoyens et pouvoir créer de l'emploi. Le RND abonde dans le même sens : « Cela ne peut être qu'une bonne chose pour le pays et pour son peuple », commente Miloud Chorfi, chargé de la communication au sein du parti. Il dit que le RND a mis dans son programme la nécessité que le citoyen soit rapproché de son administration. « L'annonce a eu bon écho au sein de la société », affirme M. Chorfi. Au FLN, même son de cloche : « Le projet est celui du parti », réclame Saïd Bouhedja, chargé de la communication au sein de l'ex-parti unique, attestant que ce nouveau découpage vise à assurer un équilibre dans le développement. « Cela va permettre aux villages les plus reculés d'être désenclavés en bénéficiant de plus de moyens humains et financiers », ajoute-t-il, exprimant « le soutien total » du FLN à ce projet. De son côté, le MSP, membre de l'Alliance présidentielle (composée également du RND et du FLN), exprime sa pleine adhésion à cette réforme. Mohamed Djoumoua, porte-parole du parti, dit « approuver entièrement » ce projet qui remonte, selon lui, à plusieurs années. Il estime qu'il y a plusieurs facteurs qui contribuent à la création de wilayas déléguées dont celui de l'éloignement de beaucoup de régions des centres administratifs régionaux. « Il est donc souhaitable et préférable qu'il y ait des wilayas déléguées qui jouissent d'une certaine autonomie permettant de lancer la machine de développement local », soutient-il. Pour M. Djoumoua, la création de wilayas déléguées vient comme « une solution intermédiaire » entre la centralisation et la décentralisation du pouvoir administratif, relevant au passage l'écart de développement existant entre le Nord et le Sud. Au MSP, il estime donc qu'avec ce nouveau découpage, cet écart de développement va disparaître.