La situation d'insécurité qui prévaut, ces derniers temps, en Kabylie était à l'ordre du jour, hier, d'une rencontre initiée par l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou, qui s'est déroulée en présence des élus locaux, des députés et des sénateurs. Les intervenants ont mis en exergue les dernières dégradations du climat sécuritaire dans la wilaya de Tizi Ouzou, une région livrée à toute forme de délinquance et de criminalité. Des attentats terroristes et des kidnappings illustrent le quotidien d'une population qui se sent abandonnée. « La sécurité est une condition primordiale à toute action de développement. Elle garantit aussi la quiétude du citoyen face à la délinquance. Cette région a connu un laxisme coupable quand il s'agit de sanctionner les auteurs des méfaits avérés, surtout quand ils servent les desseins des tenants du pourrissement. Le citoyen a le droit de savoir et de comprendre ce qui se passe », a déclaré M. Ikharbane, président de l'APW de Tizi Ouzou, qui a ajouté : « Que ceux qui se sont exclus d'eux-mêmes de ce débat assument leurs responsabilités », allusion faite, sans aucun doute, aux élus du FFS et du RND qui ont boudé la rencontre. « Le problème est crucial. Tizi Ouzou vit le phénomène de l'insécurité beaucoup plus que les autres wilayas. Il est de notre devoir d'interpeller les pouvoirs publics, le ministre de l'Intérieur et même le président de la République sur la question », a fait remarquer un élu d'Azazga, tout en illustrant ses propos par le nombre d'entrepreneurs enlevés dans la région en quelques années seulement.M. Metahri, vice-président de l'APW, élu FLN, a estimé, pour sa part, que le redéploiement massif des forces de sécurité est nécessaire afin d'endiguer le problème d'insécurité qui subsiste dans la région. De son côté, Hakim Sahab, député du RCD, appréhende une situation beaucoup plus grave d'autant plus que, selon lui, il y a encore des choses qui se trament contre la Kabylie. « On ne veut pas le chaos. C'est à l'Etat d'agir. Il ne faut surtout pas redorer le blason de quelques revanchards chargés de mission. Nous lançons une mise en garde à toute tentative de replonger la région dans la violence », a-t-il déclaré. Toujours dans le même ordre d'idées, plusieurs élus ont mis l'accent sur la période de « jachère » qu'a connue la wilaya de Tizi Ouzou depuis les événements de 2001, imputant la responsabilité aux « professionnels des eaux troubles ». Par ailleurs, les intervenants estiment que le destin de la région doit être entre les mains des élus. « Il ne peut pas y avoir d'autres représentants de la population, à l'exception des élus sortis des urnes. Il y a d'autres gens qui veulent revenir sur la scène pour pénaliser encore une fois la Kabylie. Il y a ceux qui ont été même disqualifiés lors des dernières élections. Nous sommes les représentants légitimes des citoyens. La population a déjà tranché », a estimé le président de l'APW, qui fustigeait les délégués des arouch sans les citer nommément. Enfin, dans une déclaration sanctionnant les travaux de cette rencontre, les élus de Tizi Ouzou relèvent que « l'insécurité sous toutes ses formes hypothèque l'avenir de notre wilaya. Toute approche qui ne respecte pas la volonté exprimée par les urnes sera comprise comme une volonté délibérée d'enfoncer encore plus la région dans le chaos ». Les élus exhortent la population à rester vigilante, comme ils demandent aux services de sécurité d'accomplir leur rôle, dans le strict respect des lois de la République.