Le chef du gouvernement estime que la situation sécuritaire n'est pas aussi alarmante qu'on veut bien le faire croire. «Lorsqu'il y aura une réunion sur la situation sécuritaire, vous en serez informés» a déclaré à le presse Ahmed Ouyahia, à l'occasion de la sortie de 2300 policiers, tous grades confondus de l'école d'El Hamiz à Alger. La déclaration du chef du gouvernement laisse entendre que la situation sécuritaire n'est pas aussi alarmante qu'on veut bien le faire croire. Elle semble être maîtrisée par les services de sécurité. Par la même occasion, le chef du gouvernement a admis que la réunion qui eut lieu avec les responsables de la Sûreté nationale et de la gendarmerie a porté sur la question des troubles à l'ordre public. Ali Tounsi et Mohamed Bousteila, respectivement directeur général de la Sûreté nationale et commandant de la Gendarmerie nationale, auraient donc présenté un bilan détaillé sur l'ordre public dans le pays. Cette réunion a duré toute la matinée du 17 juillet dernier. Si M.Ouyahia estime que l'ordre public au pays est «normalisé», certains élus ne semblent pas de cet avis. Or, des régions et localités souffrent du spectre de l'insécurité. Cette dernière est même un phénomène patent en Kabylie, ce qui a provoqué maintes fois des rencontres au sein de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou avec ce thème à son ordre du jour. Dans la quasi-totalité de leurs interventions, les élus ont mis en exergue la dégradation du climat sécuritaire dans la wilaya. «C'est une région livrée à toutes formes de délinquance et de criminalité», ont-ils déploré. Des attentats terroristes et kidnappings illustrent le quotidien d'une population qui se sent abandonnée. Depuis le début de l'année, une vingtaine de kidnappings ont été enregistrés pour la seule wilaya de Tizi Ouzou. Entrepreneurs, commerçants, enfants et femmes constituent des cibles privilégiées pour ce qu'il faut consigner comme «grande criminalité» dans cette région. La RN qui relie les villes de Dellys et Tigzirt reste fermée à cause justement de toutes ces formes d'insécurité. Même Dahou Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales auprès du ministre de l'Intérieur avait admis, récemment devant les députés que la fermeture de cette route «répond à des considérations d'ordre sécuritaire». D'aucuns estiment que cet axe routier demeure le refuge des groupes terroristes depuis les années 90. L'Est algérien, lui aussi, n'est pas épargné par la violence. Constantine a été la cible de plusieurs attentats depuis le mois de janvier 2008. La visite du général Gaïd Salah, dans cette wilaya, le 21 juillet dernier, n'est pas fortuite. Elle s'est inscrite dans le cadre de la lutte antiterroriste. Le chef d'état-major de l'ANP a réuni, ce jour-là, les hauts cadres des différentes structures opérationnelles et unités terrestres, aériennes et maritimes relevant de la 5e Région militaire. Apparemment, la situation sécuritaire, chez nos officiels, se limite à la lutte contre le terrorisme. Le grand banditisme, les rackets et les autres formes de criminalité passent au second rang. C'est cette forme de criminalité qui demande aujourd'hui à être prise en charge.