Deux mois avant la prochaine rentrée scolaire 2008-2009, le ministère de l'Education nationale s'est empressé de rendre publics les noms des écoles privées officiellement autorisées par l'Etat à exercer en toute légalité. Cette démarche, selon le département de Benbouzid, permettra aux parents de connaître, dans les détails et dans les temps, la liste de toutes les écoles agréées, ce qui leur facilitera la tâche en matière de choix pour l'inscription de leurs enfants. Ainsi, 118 établissements privés ont-ils eu l'agrément des autorités pour activer, sous l'œil vigilant des services du ministère de l'Education nationale. Huit écoles de plus ont été agréées puisque durant l'année 2007, 111 écoles d'enseignement privé avaient reçu l'accord de la tutelle. La majorité se trouve implantée dans la capitale, qui renferme à elle seule 78 écoles privées, suivie de Tizi Ouzou (9 écoles), Annaba (6 écoles), Constantine (5 écoles), Béjaïa (4 écoles), Blida, Oran et Tlemcen (3 chacune), Jijel (2 écoles) et, enfin, Sétif, El Oued, Mila, Chlef et Boumerdès avec une école dans chacune de ces villes. Auparavant, l'Algérie comptait près de 380 écoles privées, dont une centaine pour l'enseignement primaire. Le nombre d'élèves inscrits dans ces établissements scolaires privés augmente d'année en année. Selon le ministre de l'Education, ils étaient près de 25 000 élèves à travers le territoire national. D'autres sources indiquent que leur nombre a atteint les 80 000, tous paliers confondus, de la maternelle au brevet. Ces établissements privés qui exerçaient dans l'illégalité ont fait leur apparition dans les années quatre-vingt-dix. Cependant, au début des années 2000, les pouvoirs publics se sont réveillés et ont décidé d'ouvrir ce dossier et de faire le ménage en mettant un terme à l'anarchie qui entoure la création de ces établissements. Le gouvernement algérien a alors confectionné une loi dont la mise en application devait être l'automne 2005. Le chef de l'Etat lui-même s'est exprimé sur le sujet, le 12 avril 2005, devant les ministres de l'Education de l'Union africaine (UA). Il avait rappelé à qui voulait l'entendre que « toute institution privée qui ne tient pas compte du fait que l'arabe est la langue nationale et officielle, et qui ne lui accorde pas une priorité absolue, est appelée à disparaître ». Le ministre de l'Education, Benbouzid, est sorti alors de sa réserve et a décidé de suivre à la lettre les instructions du premier magistrat du pays. Il a, à cet effet, menacé de fermer les écoles qui ne se conformeraient pas au programme officiel, notamment à un enseignement à 90% en arabe, en insistant sur le fait qu'il ne pouvait y avoir de réforme au détriment de la langue arabe et de l'identité nationale. A partir de cet instant, les déboires ont commencé pour les gestionnaires de ces écoles, qui éprouvaient des difficultés à se soumettre aux mêmes programmes et au même encadrement que les écoles publiques. Néanmoins, il leur a été accordé la possibilité d'avoir d'autres programmes supplémentaires que le ministère devra avaliser également. Un délai d'une année a été donné aux établissements privés pour se conformer à la réglementation ; sans cela elles devront arrêter leurs activités. Moins d'une année après son avertissement, le président Bouteflika est passé à l'acte en fermant, en février 2006, plus de 40 écoles privées pour causes de « déviation linguistique » et de « antinationalisme ». Cette opération est intervenue à la suite d'une ordonnance présidentielle qui exigeait d'enseigner « obligatoirement en langue arabe dans toutes les disciplines et à tous les niveaux ». Par ailleurs, la réglementation oblige les propriétaires des écoles privées à déclarer leurs sources de financement et leur interdit de recevoir des fonds d'associations nationales ou d'organismes étrangers sans l'aval du ministère de l'Education. Cet état de fait a découragé un grand nombre de directeurs d'établissements privés, qui ont décidé de baisser les bras. Aujourd'hui, ils sont confrontés à de multiples problèmes, à leur tête celui relatif à la durée de la période de transition, jugée « courte ». « Il est difficile, en trois ans, de convertir les élèves qui ont suivi leur cursus en langue française au programme national. Le niveau des élèves en arabe est très faible pour pouvoir suivre les matières scientifiques dans cette langue. Nous demandons donc le prolongement de cette durée », a soutenu un directeur d'établissement privé.