C'est le ministre de l'éducation qui a fait part, hier, de cette fermeture en expliquant que ces deux écoles n'ont pas voulu se conformer au programme officiel. Deux écoles privées en activité à Alger, l'une égyptienne et l'autre saoudienne, s'apprêtent à fermer leurs portes, selon le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, qui s'exprimait hier en marge d'une visite d'inspection du président de la République dans la wilaya d'Alger. Les responsables de ces deux écoles, a expliqué M. Benbouzid à la presse, ont décidé de leur propre chef de cesser leur activité en raison de “leur refus de se conformer au programme d'enseignement algérien”. Le ministre de l'éducation nationale a saisi l'occasion de cette sortie présidentielle pour rappeler que la décision des pouvoirs publics de procéder à la fermeture de tous les établissements scolaires privés, qui ne se seront pas conformés au programme d'enseignement algérien, sera appliquée “après l'expiration du délai qui leur a été accordé” pour ce faire. Cette mesure avait connu un début d'application, fin février et début mars derniers, lorsque le département de M. Benbouzid avait enjoint aux responsables d'une quarantaine d'écoles privées de fermer leurs portes pour “non-respect des cahiers des charges”. Cela n'avait pas manqué alors d'irriter notamment les parents des élèves scolarisés dans ces établissements et ce, malgré la promesse du ministère de l'Education nationale de les accueillir immédiatement dans les écoles publiques. Cette promesse n'avait pas suffi à calmer l'ire des parents qui jugeaient que rien ne pouvait justifier la fermeture d'une école en plein milieu de l'année scolaire. Un argument qui semble avoir fait mouche chez le président de la République qui, dans son discours du 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, avait déclaré qu'il était intervenu personnellement pour que les écoles privées puissent bénéficier d'un délai supplémentaire, soit jusqu'à la prochaine rentrée scolaire, pour se conformer aux programmes algériens d'enseignement ou, le cas échéant, cesser toute activité pédagogique. C'est ainsi que l'application de la décision du ministère de l'Education nationale a été gelée. Ce n'est toutefois que partie remise car d'autres écoles, à l'instar des deux établissements égyptien et saoudien, devront sans doute mettre la clé sous le paillasson dès fin juin de l'année en cours. Il convient, en effet, de se demander si les écoles privées ne seront pas nombreuses à opter pour la cessation d'activité au lieu de la mise en conformité de leurs programmes d'enseignement dès la rentrée prochaine. Car c'est bien grâce à leurs programmes précisément qu'elles exercent un attrait décisif sur les parents qui y envoient leur progéniture. Aux yeux de ces derniers, les écoles privées constituent, à ce titre, une sorte d'aubaine, voire une “heureuse alternative au fiasco” de l'école publique, dont on dit à tout bout de champ qu'elle est “sinistrée” et que les conflits sociaux secouent durablement ces dernières années, le corps enseignant qui y exerce se voyant souvent contraint au débrayage. Dépossédées de leurs spécificités et de ces “atouts” que leur confèrent indéniablement leurs programmes pédagogiques, qui accordent notamment une place de choix aux langues étrangères, les écoles privées, lorsqu'elles se seront conformées aux programmes d'enseignement officiel, “se banaliseront” à coup sûr et risquent fort, dès lors, de ne plus intéresser grand monde. Pourquoi des parents voudraient-ils payer chèrement un enseignement que l'école publique assure gratuitement ? Voilà sans doute une question qu'ont dû se poser les responsables des écoles saoudienne et égyptienne avant d'opter pour la fermeture de leurs établissements. Une question que se poseront aussi, inévitablement, tous les responsables et propriétaires d'écoles privées. Saïd Chekri