La fusion de toutes les agences foncières locales en une seule agence de wilaya tarde à se concrétiser dans la wilaya de Béjaïa, et les opérateurs économiques se disent être les premières victimes du statu quo. Dans une requête adressée la semaine dernière à toutes les instances de wilaya, celles élues ou représentant l'administration, le bureau local de la Confédération nationale du patronat (CAP) relève que la situation actuelle génère des difficultés multiples aux différents acteurs économiques. Des demandeurs de terrain ne savent plus à qui s'adresser, illustre le patronat, alors que les projets et chantiers engagés sont condamnés à une immobilisation au milieu du gué.« Les travaux sont déjà à l'arrêt et les situations de payement sont toujours en instance de règlement », note-on encore. Le no man's land juridique actuel vient en fait compliquer davantage une situation déjà peu reluisante concernant le dossier. Les rapports entre les anciennes agences foncières locales et les opérateurs économiques, de différents gabarits, sont marqués depuis plusieurs années par des conflits sur le volet relatif à la gestion et à la promotion des espaces d'investissement notamment. Quant les investisseurs se plaignent du fait que les assiettes ne sont pas viabilisées et mises en valeur, les responsables des structures de gestion leur ont souvent reproché une tendance à ne pas s'acquitter de certaines obligations financières. L'imbroglio est tel sur certains points précis du foncier industriel que des sources affirment l'existence d'empiètement d'administrations locales, peu concernées par ce volet, sur les prérogatives des gestionnaires théoriques des aires d'activité. Sur un autre plan, les résistances exprimées à l'encontre de la nouvelle organisation par le corps des élus locaux, dont la majorité est issue du FFS, ne se dément pas. Contacté sur le sujet, M. Ferhat, le président de l'Assemblée de wilaya (APW), institution dominée également par les représentants du même parti, réaffirme son hostilité au nouveau réaménagement. Notre interlocuteur, qui informe qu'il se prononcera très prochainement, à cet effet, au nom de l'assemblée, lors d'une conférence de presse, suggère que ses pairs n'accepteront pas de se laisser dépouiller de leurs prérogatives en tant que représentants du peuple. La réforme prévoit en effet de retirer les anciennes attributions administratives conférées aux élus locaux qui jusque-là assuraient la présidence des conseils d'administration des agences foncières communales ou intercommunales. Avec la récente décision gouvernementale de confier la distribution des logements sociaux aux chefs de daïra, les édiles trouvent un autre motif pour stigmatiser l'administration qui les « dépouille » des leviers essentiels pour l'excercice de leur mandat.