Avide et insatiable, le circuit informel brasse tous les trafics de stupéfiants, celui des armes, de cigarettes, véhicules de marque, carburant... L'informel, qui s'est imposé sur le marché national, a fait de la place commerciale algérienne une immense braderie. Cette pratique, en dehors de son cadre légal et autres normes exigées par ce secteur économique, a réduit à néant la production locale. Aujourd'hui, rares sont les Annabis qui iraient dénicher un produit « made in Algéria ». Les souks et les bazars de l'informel ont fini, à l'usure, par inonder le pays de marchandises suspectes. « Partout, la contrefaçon est présente dans nos activités nationales et notre vie de tous les instants. Même les fruits importés, qui n'ont rien du label bio tant précisé outre-Méditerranée, sont largement commercialisés ici, en Algérie », a tenu à préciser un vieux commerçant, qui n'arrive pas à écouler son produit local, face aux vendeurs à la sauvette, squattant l'entrée même de sa boutique, proposant des produits importés à des prix défiant toute concurrence. Les grandes marques de voitures, présentes sur le marché local à l'instar des autres régions du pays, ne disposent pas de pièces de rechange d'origine, celles-ci ne sont disponibles chez les représentants et autres concessionnaires, et les propriétaires de ce genre de véhicules évitent de recourir à celles « made in Taiwan ». Quant aux autres produits « made in », comme le parfum par exemple, ce n'est qu'un liquide frelaté, portant la « signature » d'une « grande » maison parisienne, rien de plus. Pour beaucoup d'économistes de Annaba, le commerce informel, en prédateur insatiable et avide, a gangrené l'économie nationale, ses tentacules et ses ramifications s'étendant à l'infini. La caverne d'Ali Baba du commerce informel cache des secrets insoupçonnables, allant du trafic de stupéfiants à... la traite des blanches, en passant par les « circuits » des harraga, le trafic d'armes, de cigarettes, de véhicules de marque, de bétail et de carburant. En réalité, les quantités énormes de produits inondant nos marchés ne sont, en fait, que la partie immergée de cette immense foire, où même Ali Baba avec son « Ouvre-toi Sésame » perdrait son latin. Ainsi, le lexique et le vocabulaire dans le monde de l'activité commerciale, et plus particulièrement le commerce informel, a enregistré, à Annaba, une évolution dans le sens ou le terme « makanech » (rien) n'existe plus, il est banni des transactions commerciales à tous les niveaux. Le commerce informel à Annaba ne peut être comparé qu'à la caverne d'Ali Baba, où seuls les initiés disposent du fameux sésame, leur permettant d'accéder au trésor. Cependant, pour y parvenir, il est nécessaire d'emprunter un long labyrinthe et traverser des dédales au moyen du « fil d'Ariane », détenu par une véritable hydre à plusieurs têtes, qui glane, brasse, véhicule, transfère et propage, à profusion, tout un étalage de produits et de marchandises venus du bout du monde, mais dont la qualité est incertaine, douteuse, voire dangereuse.