Depuis le week-end dernier, l'avenue Gambetta, la plus importante et commerçante d'Annaba, se trouve fermée à la circulation automobile. Le contenu des containers est déversé à même la chaussée. L'anarchie a-t-elle été consommée à Annaba ? Tout porte à le croire si l'on se réfère à la situation catastrophique et incontrôlable qui y prévaut depuis le début du mois de Ramadhan. Un mal qui ne cesse de s'amplifier pour toucher les douze chefs-lieux des communes de la wilaya, et atteindre les quartiers huppés et même le célèbre cours de la Révolution, la plus importante place publique d'Annaba, autrefois épargnés de l'anachronique. Aujourd'hui plus que jamais, l'antique Bôuna n'est plus que l'ombre d'elle-même. La ville s'enlaidit chaque jour un peu plus. Dans le centre-ville d'Annaba, de Sidi Brahim au marché El-Hattab et les ruelles qui déversent, comme les flots d'un torrent impétueux, une foule bigarrée de tout âge, les chaussées ne sont plus du domaine de la réglementation. Dans les rues, fortes achalandées, les automobilistes ne peuvent garer leur véhicule et sont, de facto, chassés par des vendeurs “confortablement” installés. Ils proposent des produits en tout genre et qui conviennent à toutes les bourses. Ce no man's land résulte des containers, dont le contenu est déversé, en cette deuxième quinzaine de Ramadhan, à bras le corps le long des rues de la ville. Cette immense braderie à ciel ouvert a submergé la ville qui semble être frappée par un tsunami, tant les produits étalés, habillements, articles ménagers et produits cosmétiques, inondent ce marché informel qui impose ses règles et ses attitudes qui ignorent ce qu'est la déontologie. Ces produits achalandés font, certes, le bonheur des petites bourses, mais montrent combien notre production nationale est, aujourd'hui, définitivement écartée du circuit commercial. Ce sont, surtout, les commerçants légaux qui paient les pots cassés. Ils sont placés par ses vendeurs occasionnels “sous embargo”, tant les trottoirs sont totalement squattés. Et attention aux commerçants qui osent protester ! Des effets vestimentaires à la vaisselle, aux détergents jusqu'aux flacons de parfums et d'aérosol, tout est étalé à même le sol. Au milieu de ce grand bazar, on tente tant bien que mal de se frayer un passage et surtout prendre garde à ne pas marcher sur ceux qui semblent narguer les autorités. En fin de journée, il suffit de faire un tour à travers les quartiers des “containers” pour constater l'ampleur des cartons et sachets vides qui jonchent les rues et qui donnent du fil à retordre aux agents de la voirie.