Le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana, retrouvera samedi, le négociateur iranien sur le nucléaire, accompagné pour la première fois d'un haut diplomate américain, renforçant ainsi la pression sur les Iraniens pour qu'ils acceptent de suspendre l'enrichissement d'uranium. Le département d'Etat, participerait à cette rencontre aux côtés de M. Solana et des diplomates de France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie et Chine - les cinq pays qui, avec les Etats-Unis, sont les plus impliqués dans cette controverse potentiellement explosive avec l'Iran sur ses activités nucléaires. C'est la première fois que Washington, qui a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran en 1980 peu après la révolution islamique, envoie un de ses responsables aux discussions avec l'Iran. Même si Burns ne fera qu' « écouter, pas négocier », les Etats-Unis accèdent ainsi à une demande de longue date des Iraniens. Les Européens ont pris en charge les discussions en juin 2006, lorsque M. Solana avait fait au nom des six puissances une première offre de coopération aux Iraniens, conditionnée par la suspension de leurs activités d'enrichissement d'uranium. L'offre avait été refusée par Téhéran. Il est retourné en Iran, il y a un mois, avec une nouvelle mouture de cette offre qui touche aussi bien à la coopération politique qu'économique, les six proposant à l'Iran de sortir de son isolement diplomatique et de l'aider à acquérir les technologies nucléaires civiles les plus modernes. La présence de M. Burns, si elle renforce la position des six face à Téhéran, ne signifie pas qu'ils attendent pour autant une percée des entretiens de Genève. Echaudés par deux ans de dialogue infructueux et compliqué avec Téhéran — malgré l'adoption en parallèle de trois résolutions assorties de sanctions à l'ONU — les Occidentaux restent prudents. « J'ai parlé longuement avec les Iraniens, de longues heures », résumait ainsi mardi dernier, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. « Il n'y avait rien sur le fond qui avançait. Nous continuerons (à dialoguer), mais il faut savoir qu'on a déjà beaucoup essayé ». Le dialogue semble incontournable. Le président George Bush, même s'il répète régulièrement que « toutes les options », donc y compris celle d'une attaque militaire, sont sur la table, a clairement accordé ces derniers temps la priorité à la diplomatie. Certains diplomates européens disent voir, dans de récentes déclarations iraniennes, des « signes » d'un « débat » nouveau en Iran sur ce dossier. Comme l'appel, au début du mois d'Ali Akbar Velayati, conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, à un « compromis » sur la question nucléaire. Mais tous soulignent que ces signes restent confus. Dans sa lettre de réponse à l'offre présentée mi-juin, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, parle de « similarités » entre sa position et celle des Occidentaux pouvant « servir de base à des négociations globales ». Sans mentionner, toutefois, la question-clé de l'enrichissement de l'uranium et en soulignant qu'il n'a pas l'intention de « changer de voie ». L'ayatollah Khamenei a lui-même déclaré hier, que si « l'Iran a décidé de participer aux négociations », il « n'acceptera aucune menace » et « aucune puissance ne pourra priver l'Iran de la technologie nucléaire ». Dans ces conditions, les discussions de samedi visent à préparer le « cadre » de « pré-négociations », car les négociations proprement dites sont conditionnées par la suspension des activités d'enrichissement iraniennes, selon un diplomate européen. L'idée est de déterminer les conditions — calendrier, modalités de surveillance par l'Agence internationale de l'énergie atomique — dans lesquelles les Iraniens pourraient d'abord geler l'enrichissement à son niveau actuel. Les six puissances s'engageraient-elles à ne pas renforcer les sanctions existantes contre Téhéran ?