Les parlementaires algériens sont allés à la plage. Ils sont heureux d'officialiser un repos qui, tout compte fait, aura duré toute l'année ! La palme nationale de la paresse revient de droit aux députés et sénateurs. Avec un léger retard, la session de printemps des deux chambres du Parlement a été clôturée sans que l'opinion nationale retienne grand chose du bilan léger comme la brise marine. Sans rougir, Abdelaziz Ziari et Abdelkader Bensalah, présidents de l'APN et du Conseil de la nation, se sont accordés des bons points et se sont offert des roses. Mais qui demande des comptes au Parlement ? Personne. Même pas la population censée être représentée par ces deux assemblées à fenêtres fermées. Jamais les commissions parlementaires, qui étudient les lois, n'ont ouvert leurs salles au public, même pas à la presse ou aux étudiants. La session qui vient de s'achever et celle qui l'a précédée n'ont été marquées par aucun coup d'éclat. Aucune polémique. Aucune remise en cause de l'action du gouvernement. Pire. Abdelaziz Ziari a oublié son rôle de « contre-pouvoir » et a plongé, tête la première, dans un soutien précoce à la révision de la Constitution devant permettre à l'actuel président de la République de garder sans limite le pouvoir. Il s'est même attaqué aux opposants. « Ils savent que si le Président se représente – il est si populaire – aucun d'entre eux n'aura la chance d'avoir quoi que ce soit », a dit Ziari dans un entretien. Le premier responsable de l'APN peut-il se permettre cette liberté de langage alors qu'il dirige une assemblée représentative théoriquement de l'ensemble des Algériens ? Et dans quelle case faut-il mettre cette fermeture, par anticipation, du jeu électoral ? Sûrement pas dans celle de la démocratie. Alors faut-il créer un Parlement « clandestin » pour que les « autres » Algériens puissent se défendre et exprimer leurs préoccupations ? Mal élue et non crédible, l'APN de Abdelaziz Ziari a prouvé clairement qu'elle est incapable d'aider les Algériens à régler leurs problèmes ni à contester les mauvaises décisions du gouvernement ou de la présidence de la République. L'APN, autant que la Conseil de la nation, ont cautionné ouvertement un double viol de la Constitution. Constitution qui oblige les chefs de gouvernement à présenter des bilans d'action ou à annoncer des plans de travail avec échéances. Non. Ni Abdelaziz Belkhadem, parti dans des conditions troubles, ni Ahmed Ouyahia n'ont respecté cette disposition obligatoire. Quand les plus hautes autorités du pays foulent au pied la Constitution, alors pourquoi demander aux citoyens de respecter les lois ? Et à quoi sert un Parlement qui ne contrôle pas l'action du gouvernement ? A titre d'exemple, l'APN n'a pas jugé important d'engager des commissions d'enquête sur des graves émeutes qu'a connu le pays ou sur les grosses affaires de corruption que la justice n'a pas vues. L'APN a fait mieux : elle a donné carte blanche au gouvernement pour puiser comme il l'entend dans l'argent public sans mise en place d'instruments de surveillance. Le gouvernement n'a toujours pas élaboré la loi sur le règlement budgétaire qui permet de contrôler les dépenses décidées par la loi de finances. C'est pourtant écrit noir sur blanc dans la Constitution (article 160) : « Le gouvernement rend compte, à chaque chambre du Parlement, de l'utilisation des crédits budgétaires qu'elle lui a votés pour chaque exercice budgétaire. L'exercice est clos en ce qui concerne le Parlement, par le vote par chacune des chambres, d'une loi portant règlement budgétaire pour l'exercice considéré. » Cet exercice n'a jamais été clos et l'argent coule comme l'eau du ruisseau ! Et que fait le Parlement ? Il s'offre un gros budget (inconnu du public), des salaires conséquents, des primes à la pelle et des avantages à perte de vue. Bonnes vacances !