Révolutionnaire de la première heure, intellectuel probe, militant associatif actif, Ali Zamoum a marqué, de son indélébile emprunte des générations d'Algériens, notamment celles de sa Kabylie natale. Il était, l'adjoint de Krim Belkacem dans le maquis, compagnon d'Ahmed Zabana dans le couloir des condamnés à mort dans la prison de Serkadji, ami de Kateb Yacine et président de l'association Tagmats (fraternité). Sa vie intense a fait de lui un homme populaire. Les milliers de personnes qui l'ont accompagné à sa dernière demeure le 2 septembre dernier, était un témoignage éloquent sur sa grandeur. Né le 29 octobre 1933 à Boghni, un village situé au pied du Djurdjura, Ali Zamoum était parmi les artisans qui avaient participé au tirage de la proclamation du 1er Novembre dan son village Ighil Imoula. Condamné à mort à l'âge de 22 ans après son arrestation en 1955 par l'armée coloniale, il avait fait les prisons d'Oran, de Berouaghia, de Lambèse et de Serkadji, avant qu'il ne soit libéré à l'indépendance. En 1963, il avait occupé le poste de préfet de Tizi Ouzou avant de rejoindre le ministère du Travail au milieu des années 1970. Durant cette période, il avait apporté un soutien remarquable à l'Action culturelle des travailleurs (ACT), la troupe de théâtre de Kateb Yacine. Avec ce dernier, il partagea les joies et les peines, ciment d'une longue amitié. C'était ce dernier qui le stimula à son tour pour rédiger son unique ouvrage intitulé Tamurt Imazighen, Mémoires d'un Survivant (1940-1962). Dans le même ouvrage, il rapporte les propos de Yacine : « Tu vois, Ali, ce que tu me racontes sur ta vie, on pourrait tout simplement l'enregistrer et après en faire un livre ». Et c'est ainsi que vit le jour le livre autobiographique de Ali Zamoum. Issu d'une faille de révolutionnaires, il n'aimait pas étaler ses faits d'armes, mais plutôt faisait œuvre de pédagogie en insufflant aux jeunes le sentiment patriotique. Infatigable, il répondait volontiers présent aux invitations des collectifs des étudiants et des associations culturelles pour apporter ses témoignages sur l'histoire et sur la culture. En 1992, il était directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Tamurt qui paraissait à Tizi Ouzou avant de claquer la porte. Ali Zamoum ne ménageait pas ses efforts pour servir son village aussi. C'était lui qui avait initié le projet d'aménager la maison où était tirée la proclamation du 1er Novembre et transformer la petite demeure en un lieu historique. Au carré des martyrs de son village où il repose aux côtés des dizaines de martyrs, Ali Zamoum continue à servir la patrie. Chaque recueillement sur sa tombe est une leçon de patriotisme pour les jeunes.