Désormais, toutes les cités subissent le diktat des « fêtards » tous azimuts. On célèbre des mariages à coups de décibels, lâchant, à un volume défiant l'entendement, la cacophonie de ces nouvelles « boîtes à musique » appelées pompeusement disc-jockey, gérées par des pseudo-artistes autoproclamés. Et l'on ne s'arrête plus. Ce tintamarre est entendu à des kilomètres à la ronde, et jusqu'à des heures indues.Sous prétexte qu'on est heureux, on impose ses mœurs à son prochain, empêchant de paisibles citoyens de se reposer, les contraignant à veiller jusqu'à l'aube, les faisant écouter bon gré, mal gré, cet assortiment d'inepties sonores que perpétuent des hauts parleurs fonctionnant à bride abattue. Bien des gens se sont plaints de cet état de choses, en vain. Sachant pourtant que les commissariats de quartiers ne sont pas bien loin, l'on est tenté de se poser cette question : « Mais où sont les rondes de nuit d'antan ? » De plus, de nouveaux phénomènes émergent, à l'exemple de ces cortèges nuptiaux nocturnes, raccompagnant le marié, à plus de minuit, avec des klaxons infernaux, passant et repassant par tous les quartiers, en territoire conquis, ou encore le boucan fait par les parents des heureux lauréats des examens. En effet, des youyous stridents fusent, indûment, à des heures impossibles, transformant les nuits d'été en cauchemars. D'aucuns souhaiteraient le retour de l'autorité de l'Etat, celle des lois saines, régissant sans complaisance, ni dépassement, la liberté citoyenne. Les Constantinois, comme tous les Algériens, d'ailleurs, sont tolérants en général à l'égard du voisin qui fête le mariage de son fils ou le bac décroché par sa fille, mais cette tolérance n'est-elle pas conditionnée par le respect mutuel ? Il est de notoriété, qu'au-delà de minuit, tous les bruits suspects deviennent du tapage nocturne, d'autant que la chaleur sévissant interdit de fermer ses fenêtres, sans parler des malades, des personnes âgées et autres nourrissons qui souffrent le martyre, et ce durant toute la période estivale.