Angela Merkel a quitté jeudi Alger au terme d'une visite officielle de deux jours. Dans ses valises en direction de Berlin, il y a un contrat portant études et suivi du projet de la mosquée d'Alger et deux accords de partenariat algéro-allemand dans les domaines de l'industrie et de la formation. Le premier accord consiste en une joint-venture signée entre l'entreprise allemande Europoles Pfeider, leader mondial dans la production de mâts en béton pour le transport de l'énergie électrique, et le groupe privé algérien Cevital. Selon les termes de l'accord, ce partenariat permettra, à terme, à l'Algérie de « passer du statut d'importateur de mâts en béton à celui d'exportateur ». Le second accord signé est une convention-cadre relative à la formation entre l'entreprise allemande Knauf international et le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels. Cette convention vise, précise-t-on, à développer un « partenariat actif » dans le domaine de la formation et l'enseignement « porteurs d'emploi et d'insertion des jeunes », mais aussi à assurer un « échange durable » en matière de perfectionnement et de recyclage des personnels. A la tête d'une importante délégation de chefs d'entreprises, la chancelière allemande, arrivée mercredi, a consacré le reste de sa visite à des discussions sur la coopération énergétique, militaire et industrielle. Secteurs qui intéressent le plus l'Allemagne, qui cherche à réduire sa dépendance du fournisseur russe Gazprom en matière de gaz et à investir davantage le marché algérien. D'ailleurs, son entrevue jeudi avec le président Abdelaziz Bouteflika s'est déroulée en présence de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, de Hamid Bessallah, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, et de Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale. Chakib Khelil et Abdelmalek Guenaïzia se sont entretenus séparément avec le ministre adjoint auprès du ministre allemand de l'Economie, Bernd Pfaffenbach. Les discussions ont en effet porté, d'une part, sur les « voies et moyens » de renforcer et de consolider la coopération militaire entre les deux pays et, d'autre part, sur l'approfondissement de la coopération dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle. L'Allemagne a affiché, au terme de ces discussions, sa « disposition » à accompagner l'Algérie en matière de transfert de technologie et de savoir-faire dans le domaine des énergies renouvelables. En contrepartie, elle espère recevoir plus de gaz algérien et vendre des frégates et appareils de surveillance des frontières à l'armée algérienne, qui s'est lancée depuis quelques années dans une opération de renouvellement et de modernisation de ses équipements de défense. Bernd Pfaffenbach avait émis le souhait, au premier jour de la visite, que l'Algérie augmente ses fournitures de gaz à l'Europe et en particulier à l'Allemagne, rappelant que Sonatrach est le deuxième fournisseur de l'Allemagne en pétrole. Mais l'Algérie ne semble pas « prête » à satisfaire dans l'immédiat la demande allemande en matière de gaz, produit qui suscite beaucoup de convoitises. En guise de réponse à cette demande de gaz, Chakib Khelil a souhaité que Sonatrach puisse évoluer « librement » sur le marché européen. La question énergétique reste donc suspendue, sans accord. Contrairement aux « grands contrats en vue » annoncés par les médias avant la visite. Peut-on parler d'un échec des discussions sur ce volet ? Aux yeux des observateurs, la visite de Mme Merkel n'est que le coup d'envoi des discussions sur le gaz entre les deux pays. Mme Merkel s'est d'ailleurs montrée « satisfaite » de sa visite, affirmant être venue pour « manifester l'intérêt » de son pays pour l'Algérie. Elle a même qualifié les relations algéro-allemandes d'« excellentes », plaidant en faveur de ce qu'elle a appelé « le renforcement durable » du partenariat bilatéral. Même s'il n'y a pas eu d'accords gaziers entre les deux pays, Mme Merkel semble avoir confiance en l'avenir. La page de l'annulation en 1984, par Sonatrach, de deux contrats fermes de gaz naturel est définitivement tournée.