Tributaire de la Russie à hauteur de 40%, l'Allemagne veut diversifier ses approvisionnements en gaz. La chancelière allemande Angela Merkel vient d'achever jeudi une visite officielle de deux jours en Algérie, à l'issue de laquelle il a été convenu de renforcer la coopération économique, en particulier le volet énergétique. La citation d'un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères à un confrère disant que, «le Maghreb n'était pas le voisin de nos voisins, mais que c'était aussi le nôtre» est fort significatif de la densité que compte prendre, à l'avenir, la coopération algéro-allemande. Mme Merkel a entamé sa visite par un entretien avec le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, suivi d'un autre avec le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah. Berlin veut explorer la possibilité de vendre des équipements militaires à l'Algérie et de participer à la formation de ses officiers. Tout porte à le croire après que le ministre adjoint fédéral de l'Economie, Bernd Pfaffenbach, se soit entretenu avec le ministre délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaïzia. Pour ce qui est de l'énergie, l'Allemagne, tributaire à 40% actuellement de la Russie, veut diversifier ses approvisionnements en gaz en Algérie, et l'entretien avec le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khekil, vient conforter cette option de Berlin. Pfaffenbach avait indiqué que l'Allemagne souhaitait que l'Algérie augmente ses fournitures de gaz à l'Europe et en particulier à l'Allemagne. En réponse, Khelil a souhaité que «Sonatrach puisse travailler librement sur les marchés européens», notamment allemands, dans le cadre de son internationalisation. Par ailleurs, Mme Merkel a annoncé la mise sur pied d'une commission mixte à laquelle participeront des représentants de gouvernement et d'entreprises industrielles des deux pays. «Cette décision politique se répercutera de façon positive sur l'évolution des relations économiques entre les deux pays», a-t-elle souligné. La chancelière allemande a assisté, d'autre part, à la signature d'un contrat d'études du projet de la Grande-Mosquée d'Alger, dont le coût est estimé à un milliard d'euros. Ce projet a été confié au consortium allemand formé par KSP-Engel und Zimmermann, Krebs und Kiefer international et Krebs und Kiefer & Partners International. Deux accords de partenariat dans l'industrie et la formation professionnelle ont également été signés. L'un porte sur la création d'une entreprise commune entre Europoles Pfeider et le groupe privé Cevital pour la production de mâts en béton. L'autre, conclu par Knauf international, porte sur la formation, le perfectionnement et le recyclage d'enseignants. Quelque 160 entreprises allemandes sont installées en Algérie. Elles y ont investi 400 millions d'euros, selon Mohammed Chami, directeur général de la Chambre de commerce (Caci). Elles ont été appelées par le ministre de l'Industrie, Hamid Temmar, à s'engager dans le programme économique en cours, centré sur la privatisation d'entreprises publiques. La Deutsche Bank vient d'ouvrir une antenne en Algérie. Les échanges entre les deux pays, dominés par les biens d'équipement à l'importation et par les hydrocarbures à l'exportation, avaient atteint 2,7 milliards d'euros fin 2006. Ils ont progressé de 40% (528 M. euros) au premier trimestre 2008, par rapport au 1er trimestre 2007. Pendant son séjour, la chancelière avait participé à un forum d'hommes d'affaires allemands et algériens. La part algérienne, dans les approvisionnements allemands, ne dépasse pas 1% actuellement, contre 12% en moyenne pour l'Union européenne (UE). Les deux pays souhaitent aussi renforcer leur coopération dans les énergies renouvelables. L'Agence spatiale allemande a signé, début 2008, une convention de coopération dans ce domaine avec New Energy Algeria (Neal), la filiale spécialisée dans le solaire.