Le chef de la diplomatie française Alain Juppé, qui se rend dimanche au Mali où des combats opposent dans le Nord des rebelles touareg à l'armée malienne, estime que cette région doit faire l'objet "d'efforts supplémentaires en matière de développement". "La France n'a ni leçons à donner ni reproches à formuler. Nous savons à quel point ce genre de situation est difficile à maîtriser. Je pense cependant que des efforts supplémentaires en matière de développement du Nord-Mali restent à faire, d'autant que l'accord politique d'Alger de 2006 est demeuré largement lettre morte", déclare Alain Juppé, dans une interview à paraître lundi dans l'hebdomadaire Jeune Afrique. Après un soulèvement touareg en mai 2006, l'Accord d'Alger du 4 juillet 2006, avait été conclu sous l'égide de l'Algérie entre des rebelles touareg de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement et le gouvernement malien. Il reconnaissait l'intégrité du territoire malien et fixait les modalités du développement du Nord-Mali. Depuis le 17 janvier dernier, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles touareg dont des membres de l'Alliance du 23 mai, mènent dans le Nord une offensive contre l'armée malienne visant à libérer "le peuple de l'Azawad" de l'"occupation", selon la rébellion. L'Azawad, vaste région quasi-désertique, est considérée comme le berceau naturel des Touareg. Selon Alain Juppé, le président malien Amadou Toumani Touré "paraît ouvert" à un dialogue avec le MNLA: "Il me paraît ouvert à cette perspective. C'est en tout cas ce qu'il m'a confirmé récemment au téléphone. Il n'a pas de refus de principe". "La France est très attachée à la sécurité et à l'intégrité territoriale du Mali. Mais la seule façon d'arrêter la violence, c'est effectivement de se parler. Nous incitons donc le gouvernement malien à dialoguer avec toutes les parties concernées, y compris bien entendu avec le MNLA", répète M. Juppé. Début février, le MNLA a affirmé que le conflit en cours relevait "de la seule responsabilité du gouvernement malien qui n'a jamais sérieusement envisagé le dialogue pour la prise en charge de l'avenir des populations de l'Azawad". Ces combats meurtriers ont en outre fait quelque 126.400 déplacés et réfugiés, selon l'ONU.