L'église copte orthodoxe d'Egypte a décidé de boycotter la commission chargée de rédiger la future Constitution, composée à majorité d'islamistes, rejoignant les partis laïques et l'institution sunnite d'al-Azhar qui ont déjà annoncé leur retrait, a-t-on appris lundi. La décision a été prise à l'unanimité des vingt membres du Saint-Synode de retirer les deux représentants de l'église qui siègent dans cette commission, a rapporté l'agence officielle Mena. L'église "estime inopportun de continuer à être représentée après les réserves de diverses forces politiques sur la façon dont la commission constituante a été composée", selon la Mena. La commission, formée de 100 personnes désignées par le Parlement, est principalement composée de membres des Frères musulmans et de fondamentalistes salafistes, très largement majoritaires parmi les députés et sénateurs. Les partis et plusieurs personnalités laïques ont annoncé ces derniers jours leur retrait de cette commission, estimant que leur présence ne faisait que servir de caution aux islamistes pour la rédaction d'une loi fondamentale reflétant leurs options politico-religieuses. Al-Azhar, la grande institution de référence de l'islam sunnite, a également annoncé son retrait. Tenante d'un islam modéré, Al-Azhar garde ses distances avec les Frères musulmans et se démarque des fondamentalistes salafistes. Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent 6 à 10% des quelque 82 millions d'habitants du pays. Leur patriarche, Chenouda III, ardent défenseur de sa communauté, est décédé le 17 mars à l'âge de 88 et n'a pas encore été remplacé. La décision de l'église de boycotter la commission constituante survient après la décision, annoncée samedi, des Frères musulmans de présenter un candidat à l'élection présidentielle du 23 mai prochain, rompant leur promesse de soutenir un candidat d'union non issu de la confrérie. La décision de désigner le numéro deux du mouvement, Khairat al-Chater, qui ouvre la perspective de voir les Frères détenir la présidence en plus de leur emprise sur le Parlement, a provoqué un choc dans la classe politique.