Les nouvelles conditions posées par Damas au plan Annan pour la Syrie sont "inacceptables" et "irréalisables", a déclaré mardi la porte-parole du Conseil national syrien (CNS), coalition de l'opposition syrienne, dénonçant par ailleurs la "violation" du cessez-le-feu par le régime. "Ce sont des conditions inacceptables (...) et je ne vois pas comment elles pourraient être acceptées par M. Annan", a déclaré Mme Bassma Kodmani, lors d'une conférence de presse à Genève. Le plan de sortie de crise présenté par l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, que Damas avait accepté le 2 avril et qui a été entériné par les Nations unies jeudi dernier, prévoit que l'armée se retire des villes mardi afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard, soit le 12 avril, à 03H00GMT (06H00 de Damas). Mais le régime syrien a exigé dimanche que l'opposition s'engage par écrit à arrêter toute forme de violence, avant de procéder à un retrait de ses troupes. Pour Mme Kodmani, ces conditions sont "irréalistes" car elles signifient notamment que le régime de Bachar al-Assad reconnaisse d'abord ces groupes que Damas qualifie de "terroristes". Pour sa part, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a aussi affirmé mardi à Moscou que le cessez-le-feu doit commencer "avec l'arrivée d'observateurs internationaux". Cette condition est également irréalisable, selon la porte-parole du CNS, qui a souligné que les observateurs n'avaient pas pour habitude de venir alors que les combats étaient encore en cours. Soulignant par ailleurs que le CNS s'engageait à continuer à coopérer avec la mission de M. Annan, Mme Kodmani a expliqué en substance que la balle était aujourd'hui dans le camp du régime syrien. Elle a par ailleurs dénoncé d'importantes actions répressives du régime depuis mardi matin, dont la "démolition systématique de maisons". "Il est temps de mettre en oeuvre le cessez-le-feu", a-t-elle dit, dénonçant sa "violation" et la détérioration dramatique et rapide de la situation sur le terrain, alors que les violences meurtrières ont fait plus de 10.000 morts en un an, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Aucun retrait militaire n'a été constaté le jour de l'entrée en vigueur du plan de paix de l'ONU, selon les ONG, alors que Damas affirme le contraire. "Aucun jour de plus n'est acceptable", a dit la porte-parole du CNS, basée à Paris. "Il est urgent de mettre fin à la répression du régime et au régime lui-même. Nous voyons que l'irréparable est commis sur le terrain", a-t-elle ajouté. Selon le CNS, 160 personnes ont encore été tuées par la répression lundi, portant à 1.011 le nombre total de victimes enregistrées depuis le 27 mars. Outre le bombardement de villes et l'utilisation de chars, Mme Kodmani a dénoncé le premier incident frontalier entre la Syrie et la Turquie: lundi des tirs en provenance de Syrie ont fait six blessés sur le sol turc, quatre Syriens et deux membres du personnel turc (un policier et une interprète) d'un camp de réfugiés. L'émissaire conjoint de l'ONU et la Ligue arabe, Kofi Annan, s'est rendu justement mardi en Turquie pour visiter les camps de réfugiés syriens. Il doit envoyer "plus tard" dans la journée un courrier au Conseil de sécurité de l'ONU concernant son plan. M. Annan devait ensuite quitter la Turquie pour se rendre en Iran, selon les autorités turques. Concernant cette visite, Mme Kodmani a expliqué que M. Annan était "porteur" d'un "puissant message" du peuple syrien, et a dénoncé le "soutien direct" de Téhéran à Damas, à travers notamment la livraison d'armes. A ce propos, la porte-parole du CNS a estimé que le Conseil de sécurité pouvait, parmi les options possibles en vue de régler la crise, énoncer un embargo sur les armes. Elle n'a pas écarté l'option militaire mais ne l'a pas non plus considéré comme prioritaire.