A la veille de sa mise en œuvre, prévue aujourd'hui, le plan de sortie de crise de l'ONU en Syrie paraissait menacé par de nouvelles exigences du régime du président Bachar al-Assad et le refus du chef des rebelles de s'y soumettre. Damas a en effet annoncé, avant-hier, qu'il ne retirerait pas ses troupes des villes à moins de garanties écrites de l'opposition, au terme d'une nouvelle journée de violences: au moins 51 morts, avant-hier, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière avec au moins 128 tués. Dire que la Syrie va retirer ses forces des villes à la date du 10 avril est inexact, (l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie) Kofi Annan n'ayant pas encore présenté de garanties écrites sur l'acceptation par les groupes terroristes armés de l'arrêt de toute forme de violences et sur leur volonté de livrer leurs armes, a affirmé le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. Mais le chef des rebelles de l'Armée syrienne libre, Riad Al-Assaad, tout en affirmant son engagement envers le plan Annan, a affirmé qu'il n'avait pas à donner de garanties au régime mais à la communauté internationale. Nous sommes engagés envers le plan Annan et c'est à la communauté internationale que nous présentons nos assurances et garanties, non pas à ce régime du président Bachar al-Assad, a déclaré Riad al-Assaad depuis Beyrouth. En outre, le communiqué du ministère syrien ajoute que M. Annan n'a pas non plus présenté d'engagements écrits des gouvernements du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie sur l'arrêt de leur financement des groupes terroristes. Ces trois pays ont fortement appuyé l'opposition syrienne ces derniers mois, l'Arabie saoudite et le Qatar se déclarant même favorables à l'envoi d'armes aux rebelles. Le plan de sortie de crise présenté par M. Annan, que Damas avait accepté le 2 avril et l'ONU entériné jeudi, prévoit que l'armée se retire des villes ce matin afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard. La Syrie ne va pas répéter ce qui s'était passé lors de la présence des observateurs arabes, quand les forces armées étaient sorties des villes, ce qui avait permis aux groupes terroristes armés de se réorganiser et de se réarmer pour contrôler des quartiers entiers, insiste le texte. Kofi Annan, pour sa part, s'est dit choqué par (la) montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie, où les violences ont fait, avant-hier, au moins 51 morts. La Ligue arabe avait déployé fin décembre des observateurs censés superviser l'application d'un autre plan de sortie de crise, mais ils n'avaient pu que constater une recrudescence des violences. Avant-hier soir, la France a condamné avec force la poursuite des massacres en Syrie et jugé inacceptables les nouvelles exigences de Bachar al-Assad. Alors que le régime de Bachar al-Assad avait annoncé qu'il acceptait le plan Annan et proposé lui-même la date du 10 avril pour le retrait de ses troupes et de ses armes lourdes des centres urbains, il formule maintenant de nouvelles exigences inacceptables, a affirmé Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay, dans une déclaration. L'opposition, considérée par Damas comme des groupes terroristes armés, s'était d'ailleurs montrée sceptique sur les intentions du pouvoir. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé, avant-hier, le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir de toute urgence pour arrêter la catastrophe humanitaire engendrée par le régime (...) en adoptant une résolution (contraignante), dans un communiqué. Face à l'afflux massif de Syriens fuyant les violences, la Turquie, qui héberge déjà plus de 24.500 réfugiés, a menacé de prendre des mesures si Damas ne cessait pas les violences à la date butoir d'aujourd'hui. Pour sa part, le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a estimé qu'une intervention humanitaire avec une protection militaire sur le terrain serait nécessaire en Syrie si le régime syrien continue sur le chemin de la barbarie. L'Allemagne a également insisté pour que la violence ait une fin, au plus tard le 10 avril. L'accès de l'aide humanitaire aux gens doit être permis. Cela doit être vérifiable par la communauté internationale, a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Benoît XVI a supplié, avant-hier, dans son message pour Pâques que cesse l'effusion de sang en Syrie, où selon l'OSDH plus de 10 000 personnes ont perdu la vie et au moins 100 000 connu la prison depuis le début de la révolte en mars 2011. Les violences ont fait, avant-hier, au moins 51 morts dont 26 civils, dans des opérations militaires menées contre les bastions rebelles et dans des combats entre soldats et déserteurs, notamment dans les provinces de Homs (centre) et d'Idleb (nord-ouest), ont rapporté les militants. L'OSDH citant plusieurs sources non identifiées a indiqué par ailleurs qu'un groupe de déserteurs armés avait abattu un hélicoptère lors de combats en cours dans la région de Jisr al-Choughour dans la province d'Idleb. Kofi Annan aujourd'hui en Turquie pour visiter les réfugiés syriens Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, est attendu aujourd'hui dans le sud de la Turquie pour visiter les camps de réfugiés syriens, a-t-on appris, hier, de source diplomatique turque. La visite ne devrait durer que quelques heures avant le déplacement de M. Annan en Iran, prévu le 11 avril, a précisé cette source sous couvert d'anonymat. La Turquie a installé des camps de réfugiés dans trois provinces limitrophes de la Syrie, qui abritent actuellement près de 25 000 Syriens qui ont fui les violences dans leurs pays. M. Annan a proposé un plan de sortie de crise que Damas a accepté le 2 avril et que l'ONU a entériné, jeudi dernier. Celui-ci prévoit que l'armée syrienne se retire des villes au plus tard ce matin afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard. Par ailleurs, les sénateurs américains John McCain et Joe Liberman, qui ont rencontré, hier, à Ankara le président turc Abdullah Gül, ont prévu également de se rendre aujourd'hui dans le sud de la Turquie, dans la province de Hatay, pour visiter des camps de réfugiés, a ajouté cette source diplomatique. La Chine demande à Damas d'honorer sa promesse d'un cessez-le-feu La Chine a exhorté, hier, le régime de Damas et l'opposition syrienne à "respecter leurs engagements" en faveur d'un cessez-le-feu et d'un retrait militaire dans le cadre du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan. Sur le terrain, les combats se poursuivent au nord et à l'est. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a par ailleurs appelé à la "patience" la communauté internationale, en lui demandant de "laisser davantage de temps à l'émissaire spécial Annan". La Chine, alliée du régime de Bachar al-Assad, a plusieurs fois dit espérer ces derniers jours que Damas et l'opposition syrienne respecteraient leurs "engagements" dans le cadre du plan de sortie de crise de Kofi Annan. Le plan de sortie de crise présenté par M. Annan, que Damas avait accepté le 2 avril et l'ONU entériné jeudi, prévoit que l'armée se retire des villes ce matin afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard. Mais, à la veille de sa mise en œuvre, ce plan paraissait menacé par de nouvelles exigences de Damas et le refus du chef des rebelles de s'y soumettre. Violents combats Le régime du président Bachar al-Assad a en effet annoncé, avant-hier, qu'il ne retirerait pas ses troupes des villes à moins de "garanties écrites" de l'opposition, au terme d'une nouvelle journée de violences qui ont fait au moins 51 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière avec au moins 128 tués. Hier, l'armée syrienne était engagée dans de violents combats contre les rebelles, en particulier dans les provinces d'Alep (nord) et de Deir Ezzor (est), précise l'organisme basé à Londres, qui a recensé douze morts parmi les forces gouvernementales. Les rebelles respecteront le cessez-le-feu quoiqu'il arrive Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) respecteront la date-butoir du 10 avril pour un cessez-le-feu comme le stipule le plan de paix de Kofi Annan. Et cela même si Damas ne retire pas ses troupes des agglomérations, a annoncé, avant-hier, un porte-parole de l'ASL. "Mais si (les forces syriennes) ouvrent le feu, nous reprendrons les armes et riposterons", a déclaré le colonel Kassem Saad al Dine, porte-parole du commandement unifié de l'ASL. Il a par ailleurs annoncé qu'un millier de personnes avaient trouvé la mort cette semaine, pour la plupart des civils. "Garanties écrites" L'avenir du plan de paix pour la Syrie élaboré par Kofi Annan semblait compromis, avant-hier, par l'exigence de Damas d'obtenir des "garanties écrites" des rebelles avant d'entamer son retrait des villes. Ce retrait est censé débuter aujourd'hui et un cessez-le-feu doit entrer en vigueur jeudi. Dans un communiqué publié à Genève, M. Annan n'a pas réagi à ces nouvelles exigences, tout en appelant Damas à ses obligations. "Alors que nous nous approchons de la date butoir d'aujourd'hui, je rappelle au gouvernement syrien la nécessité de respecter pleinement ses engagements et je souligne que l'escalade actuelle des violences est inacceptable", a-t-il dit. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a recensé au moins 128 morts, dont 86 civils, pour la seule journée de samedi, et plus d'une trentaine, dont douze civils, avant-hier. Menaces d'Ankara Face à l'afflux massif de Syriens fuyant les violences, la Turquie, qui héberge déjà plus de 24 500 réfugiés, a menacé de prendre des "mesures" si Damas ne cessait pas les violences aujourd'hui. Selon la presse turque, plusieurs scénarios ont été envisagés, en particulier la création d'une zone tampon le long de la frontière. Mais cette option, qui implique l'engagement de troupes turques ou d'autres pays en territoire syrien, signifierait une internationalisation du conflit dans une région déjà sous haute tension.