Plus de 70 pays se sont réunis dimanche à Istanbul pour décider des moyens d' «accroître la pression » sur le régime syrien, de faire respecter par Damas le plan Annan de sortie de crise, ou comme le voudrait l'opposition d'armer les rebelles face à une répression sanglante. «La Syrie n'a pas tenu ses promesses (...) Avec cette tragédie humanitaire en Syrie, il est temps d'agir », a déclaré à l'ouverture des travaux le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Cette deuxième conférence des Amis de la Syrie s'est ouverte à 07H30 GMT dans un centre de congrès de la métropole turque, en présence de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, de plusieurs chefs de diplomatie européens et arabes, et des dirigeants du Conseil national syrien (CNS), principal regroupement de l'opposition. Le chef du CNS, Burhan Ghalioun, a appelé samedi la conférence à armer les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL). «Le CNS exprime les demandes du peuple syrien. Nous avons appelé plusieurs fois à l'armement de l'Armée syrienne libre. Nous souhaitons que la conférence des amis de la Syrie accède à cette demande », a déclaré M. Ghalioun. «Nous attendons de la communauté internationale des décisions concernant la défense des citoyens qui subissent des pilonnages quotidiens et la mort », a-t-il ajouté. Cette idée, écartée par les Etats-Unis et de nombreux pays arabes et occidentaux, est défendue par le Qatar et l'Arabie saoudite dont le chef de la diplomatie Saoud Al-Fayçal a déclaré à Ryad aux côtés de Mme Clinton qu' «armer l'opposition était un devoir ». Enhardi par ces divisions et par les difficultés de l'opposition à s'unir et fort de l'appui de son armée et d'une partie de la population, le régime poursuit sa répression, faisant 32 morts samedi, dont 24 civils, tout en disant accepter toutes les initiatives pour régler la crise. Mme Clinton s'est montrée sceptique sur une acceptation par la Syrie du plan de l'émissaire international Kofi Annan. «Jusqu'à aujourd'hui, les forces du régime continuent à pilonner les civils, à maintenir le siège de quartiers et même à prendre pour cible des lieux de prière », a-t-elle dit. Le plan Annan préconise la cessation de toute forme de violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire aux zones affectées par les combats et la libération des personnes détenues arbitrairement. Face à l'impuissance de la communauté internationale, le pouvoir a annoncé qu'il avait gagné la partie après un an de révolte réprimée au prix de près de 10.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). « La bataille pour faire tomber l'Etat en Syrie est terminée une fois pour toutes », a affirmé vendredi le ministère syrien des Affaires étrangères, prévenant que l'armée ne se retirerait des zones résidentielles qu'après «le rétablissement de la sécurité et la paix civile ». Selon la Turquie, pays hôte qui accueille sur son sol 18.000 réfugiés syriens, l'objectif principal de cette conférence sera «d'accroître la pression sur le régime syrien pour que cesse la répression sanglante ». « Des sanctions additionnelles contre le régime syrien seront au menu des discussions », a ajouté un responsable turc. D'importants acteurs sont absents d'Istanbul, dont la Russie et la Chine, principaux soutiens du régime syrien. Kofi Annan et le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon sont également absents, de même que l'Irak, qui assure la présidence de la Ligue arabe.