L'Eglise copte orthodoxe d'Egypte a réclamé samedi que la commission chargée de rédiger la Constitution soit représentative de toute la population et que la future loi fondamentale garantisse un Etat non-religieux. La justice a suspendu cette semaine cette commission formée par le Parlement et composée en majorité d'islamistes. L'Eglise avait annoncé début avril qu'elle boycottait l'instance, rejoignant les partis laïques et l'institution islamique d'Al-Azhar. "Nous voulons une commission constituante représentant toutes les composantes" de la société, que ce soit au plan religieux, politique ou au niveau de la représentation hommes-femmes, a affirmé l'évêque Pachomius, chef par intérim de l'Eglise après le décès du patriarche Chenouda III. "La démocratie n'est pas la dictature de la majorité (...). La démocratie c'est que toutes les composantes de la population participent au gouvernement de la nation", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse retransmise par la télévision publique. Le fait d'avoir obtenu la majorité des sièges au Parlement ne donne pas le droit "de prendre l'initiative de rédiger la Constitution", a-t-il insisté. L'évêque a demandé une Constitution garantissant "un Etat civil", c'est-à-dire non-religieux, et "donnant des droits religieux à toutes les composantes" de l'Egypte. Les 100 membres de la commission constituante désignés fin mars par le Parlement sont principalement des Frères musulmans et des fondamentalistes salafistes, qui dominent les deux chambres. Les partis et personnalités laïques s'en sont retirés en disant refuser de servir de caution aux islamistes. L'évêque Pachomius a aussi assuré que l'Eglise ne soutenait aucun candidat, même si l'ancien vice-président Omar Souleimane, dont la candidature à la présidence est très controversée, s'est rendu samedi à la cathédrale d'Abbassiya au Caire à l'occasion des fêtes de Pâques, célébrées ce week-end dans les églises orientales. "Nous ne soutenons personne. Nous donnons la liberté à nos enfants de choisir", a-t-il affirmé. Les candidats "sont tous des citoyens égyptiens et c'est le peuple qui choisira la personne qui convient".