Les Algériens élisent leurs députés le 10 mai dans le sillage des réformes initiées par le pouvoir pour prévenir un Printemps arabe, avec pour enjeu le score des partis islamistes, déjà au pouvoir, et le taux de participation. Sept partis islamistes se présentent aux législatives, dont trois regroupés sous l'étendard de l'"Algérie Verte", rêvant de rafler l'essentiel des sièges comme leurs homologues aux élections récentes en Tunisie, Maroc et Egypte. L'un d'eux, le Mouvement social pour la Paix (MSP) de Boulguera Soltani, maintient quatre ministres dans le gouvernement sortant après avoir fait partie de l'Alliance présidentielle au pouvoir qu'il a quittée en janvier dernier. Un tel résultat semble improbable, en raison notamment d'une pléthore de listes en lice. Le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia écartait la semaine dernière une large victoire pour une seule formation. Les 462 sièges de la prochaine Assemblée nationale "seront éparpillés entre les partis", a-t-il affirmé, alors qu'il n'y a aucun sondage public en Algérie. En tout, 44 partis, dont 21 nouveaux, et des indépendants sont en lice au terme d'une campagne officiellement lancée le 15 avril. La campagne pour les législatives a cependant buté sur une large indifférence des 21 millions d'électeurs, sur près de 37 millions d'Algériens dont 75% de moins de 35 ans, faute de confiance dans la classe politique. Le Front de Libération Nationale (FLN présidentiel), parti unique en 1962 puis parti dominant depuis l'établissement du multipartisme en 1989, est menacé de scission. Des "redresseurs" accusent le patron du FLN, Abdelaziz Belkhadem, de népotisme. Faute d'avoir aplani ses divergences, le FLN présentera deux listes dans certaines des 48 wilayas (préfectures). Le plus vieux parti d'opposition, le Front des Forces Socialistes (FFS) du vétéran kabyle Hocine Aït Ahmed, revient dans l'arêne électorale après 15 ans de boycottage, avec des candidats dans 40 des 48 wilayas (préfectures). Des opposants connus l'ont rejoint, dont l'ex-président de la Ligue des Droits de l'Homme, l'avocat Mustapha Bouchachi, tête de liste à Alger. Vieux rival du FFS, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) de Saïd Sadi appelle au boycott, après s'être investi dans des manifestations de rue l'an dernier qui ont tourné court.