Hizb Ettahrir, parti islamiste non légalisé en Tunisie, a estimé mardi que des groupes salafistes "non encadrés" étaient manipulés par des "parties étrangères", sans plus de précision, après des incidents survenus ce week-end dans le gouvernorat de Jendouba (nord-ouest). "Nous dénonçons tout acte de violence et nous condamnons, s'il y a des preuves, les agressions perpétrés dernièrement par des groupes salafistes", a déclaré à la presse Ridha Belahj, porte-parole du Hizb Ettahrir, parti prônant la restauration du califat et l'application de la charia. "Des parties étrangères tentent d'infiltrer ces groupes salafistes non encadrés afin de créer une situation servant leur agenda", a-t-il déclaré, sans préciser ses accusations. Des groupes de salafistes ont attaqué le week-end dernier des établissements vendant de l'alcool et ont incendié des postes de police à Jendouba et Ghardimaou (nord-ouest). Des incidents similaires s'étaient produits le week-end précédent à Sidi Bouzid (centre). Hizb Ettahrir refuse le qualificatif de parti salafiste. Mais son porte-parole Ridha Belhaj était présent à la tribune lors du rassemblement annuel des salafistes d'Ansar al Charia le 20 mai à Kairouan. M. Belhaj a indiqué lors de sa conférence de presse que son parti n'avait pas encore reçu de réponse officielle à sa demande de légalisation présentée le 14 mai. "Notre parti n'attend la reconnaissance de personne et nous sommes là, comme tous les autres partis bannis sous l'ancien régime, grâce à la révolution", a-t-il dit, soulignant toutefois qu'il était favorable à "une légalisation administrative". La loi sur les partis en Tunisie interdit les formations politiques fondées sur des considérations religieuses, ethniques, régionales ou de sexe et les partis doivent en outre s'engager à bannir toute forme de violence, de fanatisme et de discrimination. Hizb Ettahrir est la branche tunisienne d'une nébuleuse du même nom fondée en 1953 au Moyen-Orient par une tendance extrémiste au sein de la mouvance des Frères musulmans égyptiens, et compte des adhérents et sympathisants dans plus de 50 pays.