[image] Les observateurs de l'ONU doivent tenter de se rendre vendredi sur les lieux du massacre d'Al-Koubeir imputé par l'opposition aux forces du régime, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon estimant que le président Bachar al-Assad avait perdu toute légitimité. Comme tous les vendredi et malgré la répression sanglante de la révolte, les militants anti-régime ont appelé à de nouvelles manifestations contre le président Bachar al-Assad. S'exprimant devant l'Assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a qualifié jeudi de "scandaleux et révoltant" la tuerie d'Al-Koubeir dans laquelle, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 55 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées mercredi dans la région de Hama (centre). "Depuis des mois, il est évident que le président (syrien) Bachar al-Assad a perdu toute légitimité", a-t-il ajouté. Le médiateur international Kofi Annan, qui a reconnu que l'application de son plan de sortie de crise faisait "défaut", a averti devant le Conseil de sécurité que la crise deviendrait "incontrôlable" si la pression internationale sur Damas ne produisait pas rapidement des résultats, selon des diplomates. "La Syrie n'est pas la Libye, elle n'implosera pas, elle explosera au-delà de ses frontières", a-t-il expliqué. Il a confirmé que des discussions étaient en cours sur la possibilité d'établir un nouveau groupe de contact international sur la Syrie. Ce groupe devra "inclure des pays qui ont une influence sur (...) le gouvernement et l'opposition", a-t-il indiqué, sans préciser la liste des membres de ce groupe. Il a cependant déclaré espérer que Téhéran, proche allié de Damas, participerait à la résolution de la crise, mais Washington, Londres et Paris se sont déjà déclarés opposés à l'inclusion de l'Iran dans le futur groupe, un pays avec lequel ils ont un sérieux contentieux sur la question du nucléaire. La Chine et la Russie, deux autres alliés du président Assad, qui bloquent toute résolution condamnant le régime pour sa répression de la révolte, répètent pour leur part être attachés à l'application du plan Annan et opposés à toute intervention militaire. Mais sur le terrain, les observateurs de l'ONU qui sont censés surveiller l'application du cessez-le-feu, entré en vigueur à la mi-avril mais quotidiennement violé, rencontrent de grandes difficultés pour accomplir leur mission. Des armes lourdes, des balles perforantes et des drones ont été utilisés contre eux, a déclaré M. Ban devant le Conseil de sécurité, selon des diplomates. Les diplomates, qui ont assisté à la réunion à huis clos ont indiqué que, selon M. Ban, cette tactique visait à les forcer à se retirer de régions où les forces syriennes ont été accusées de mener des attaques. Dans ce contexte, des observateurs devaient à nouveau tenter de se rendre à Al-Koubeir. Jeudi, ils en avaient été empêchés notamment "par des barrages de l'armée", puis, alors qu'ils faisaient une nouvelle tentative, ils ont été la cible de "tirs à l'arme légère", selon l'ONU. Ailleurs dans le pays, comme tous les vendredi, des milliers de personnes sont attendus dans les rues pour dire non au régime. Avec le slogan: "révolutionnaires et commerçants, main dans la main jusqu'à la victoire", les militants anti-Assad semblent vouloir appeler les hommes d'affaires et la bourgeoisie encore peu mobilisés à Damas et Alep (nord), à se joindre au mouvement de contestation lancé en mars 2011. Dans le même temps, les forces gouvernementales poursuivaient leurs assauts contre les fiefs des insurgés. Elles tentaient de prendre d'assaut le quartier rebelle de Khaldiyé, à Homs (centre), après l'avoir violemment bombardé, rapporte l'OSDH. Le quartier, situé dans le nord de la ville et où sont encore retranchés des rebelles, était bombardé de manière intermittente depuis le matin. Par ailleurs, au moins deux membres des services de sécurité ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée devant un poste de police à Idleb (nord-ouest), selon les informations préliminaires de l'ONG. Au moins 58 personnes, dont 28 membres de troupes gouvernementales et pro-régime, ont été tuées jeudi dans les violences, selon l'OSDH. Face à la répression, la contestation s'est militarisée et les combats se ont intensifiés entre rebelles et soldats. Plus de 13.400 personnes, la plupart des civils tués par les forces régulières, ont péri en 15 mois, selon l'OSDH.