[image] Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi au Caire et dans d'autres villes du pays pour exiger la disqualification de la course à la présidence du dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, qui s'est engagé à défendre les libertés. Les manifestants ont aussi une nouvelle fois dénoncé la relative clémence du verdict dans le procès de M. Moubarak et de ses collaborateurs, alors que des informations faisaient état d'un éventuel retour de l'ancien président, en prison depuis sa condamnation, vers un hôpital militaire. Dans la capitale, 5.000 manifestants se sont rassemblés sur l'emblématique place Tahrir, où l'un d'eux brandissait une pancarte proclamant "Non aux restes de l'ancien régime!", en allusion à la candidature de M. Chafiq, qui doit affronter le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, pour le second tour de la présidentielle les 16 et 17 juin. "La révolution est en danger. Je suis ici pour que le régime de Hosni Moubarak ne revienne pas. Protégez votre révolution!" a lancé un imam à la foule. Dans une conférence de presse, M. Chafiq s'est engagé à protéger les libertés. "Les places publiques seront libres et sûres pour qui veut s'exprimer. Je vous le promets, aucun jeune ne sera arrêté pour des activités politiques", a-t-il insisté en accusant les Frères musulmans de chercher une jeunesse obéissante qui pratique le baise-main". Sur la place Tahrir, des militants ont aussi organisé un faux procès de M. Moubarak sur un podium en bois. Un homme déguisé en magistrat a condamné l'ancien président et ses collaborateurs à mort, alors que la foule criait "Dieu est le plus grand". M. Moubarak et son ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli ont été condamnés la semaine dernière à la réclusion à perpétuité pour la mort d'une partie des 850 manifestants tués pendant la révolte de janvier/février 2011, mais six anciens hauts responsables de la sécurité ont été acquittés. L'ancien président, âgé de 84 ans, a été incarcéré à la prison de Tora, mais l'agence officielle Mena a annoncé qu'il pourrait retourner à l' hôpital militaire. Selon un responsable de la sécurité, un panel médical a estimé que la prison était suffisamment équipée mais qu'un transfert serait nécessaire en cas de nouvelle détérioration. Les manifestants ont aussi réclamé l'application de la loi "d'isolement politique", qui interdit aux plus hauts responsables du régime Moubarak de se présenter aux élections. D'abord écarté en vertu de cette législation, Ahmad Chafiq a finalement été autorisé à rester dans la course par la commission électorale, qui a renvoyé la oi devant la Haute cour constitutionnelle. Cette dernière doit examiner la constitutionnalité du texte le 14 juin, soit deux jours avant le second tour et pourrait bouleverser la donne dans un contexte politique et social déjà très tendu.