Mohamed al-Megaryef, élu jeudi soir à la tête de l'assemblée nationale libyenne issue des premières élections libres du pays, était un éminent opposant au dictateur Mouammar Kadhafi, qui a été traqué par les services de renseignements de l'ancien régime. Né en 1940 à Benghazi (est), M. Megaryef avait passé 31 ans en exil dont une vingtaine d'années comme réfugié politique aux Etats-Unis, avant de rentrer au pays dans la foulée de la révolution libyenne. Diplômé en économie et titulaire d'un doctorat en Finances de Grande-Bretagne, M. Megaryef avait occupé des postes de responsabilité sous le régime de Mouammar Kadhafi dans les années 1970. En 1980, il avait démissionné de son poste d'ambassadeur de Libye en Inde, pour rejoindre l'opposition en exil et fonder avec d'autres dissidents le Front de salut national libyen (FSNL) qui avait conduit plusieurs tentatives de coup d'Etat contre l'ex-dictateur. Durant son exil, il était traqué par les services de renseignement de Mouammar Kadhafi qui avait lancé une campagne dans les années 1980 visant à liquider plusieurs opposants dans des pays arabes et occidentaux, qui étaient qualifiés par le défunt dictateur de "chiens errants". M. Megaryef a survécu à plusieurs tentatives d'assassinat, notamment à Rome en 1981, à Casablanca en 1984 et à Madrid en 1985, selon Asma, une de ses filles. Mais la plus célèbre est celle de 1989 quand le régime libyen a fait exploser un avion de la compagnie française UTA, en pensant que Mohammad al-Megaryef, alors principale figure de l'opposition, se trouvait à bord, selon les confidences d'un ancien ministre des Affaires étrangères de Kadhafi, Abdelrahman Chalgham. Sa famille restée en Libye a été persécutée et plusieurs de ses frères avaient été emprisonnés par le colonel Kadhafi. Considéré comme un islamiste modéré proche des Frères musulmans, il avait été élu membre du Conseil général national (CGN) sous la bannière de sa formation rebaptisée Parti du front national, lors des premières élections libres du pays, le mois dernier. Sa formation dont il est le président, avait alors remporté 3 sièges sur 200. M. Megaryef, une figure appréciée généralement par les Libyens, aura notamment pour mission de diriger les travaux du CGN qui a pris le pouvoir mercredi du Conseil national de transition. Mais d'autres prérogatives pourraient lui être attribuées par le Congrès, désormais la plus haute autorité législative du pays. M. Megaryef est marié et père de six filles et un garçon.