Les nouvelles violences qui secouent depuis dix jours la région soudanaise du Darfour (ouest) ont déplacé 25.000 personnes, a indiqué vendredi l'ONU. "Les informations parvenues à l'ONU indiquent que la totalité de la population du camp de déplacés de Kassab --25.000 personnes-- a fui à cause des combats", affirme le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans son bulletin hebdomadaire. Kassab --qui abrite des personnes ayant déjà été déplacées par le conflit qui secoue le Darfour depuis 2003-- se situe à la lisière de la localité de Kutum, au nord-ouest d'El-Facher, capitale de l'Etat du Nord-Darfour. Le Darfour connaît depuis le 1er août une nouvelle flambée de violence, à la suite de la mort d'un chef de district, Abdelrahmane Mohammed Eissa, tué dans une embuscade à Kutum. Selon les informations dont dispose l'ONU, à la suite de cette attaque, des membres de la tribu Jalul à laquelle appartenait M. Eissa ont tué deux déplacés et un officier de police et détruit un marché local. "Le 3 août, deux membres de la délégation du gouvernement venus à Kutum pour une réunion avec le gouverneur ont été la cible de tirs et ont été blessés", a ajouté l'Ocha. "L'ONU a également reçu des informations faisant état de pillages de logements de déplacés, de marchés et de commerces dans le camp de déplacés de Kassab et dans la localité de Kutum". Les médias liés à l'Etat avaient fait état dimanche de la mort de deux soldats, tués alors que l'armée intervenait pour faire cesser les pillages par des "hors-la-loi". Un tel déploiement de l'armée est rare, l'application de la loi étant normalement une responsabilité de la police. L'Ocha a indiqué que les forces armées soudanaises avaient dans un premier temps expulsé les éléments tribaux de Kutum samedi mais que ceux-ci étaient revenus dimanche et avaient fait usage de la force contre l'armée. La force conjointe de maintien de la paix de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) a indiqué vendredi avoir fourni, avec d'autres agences, une assistance médicale à 170 habitants de Kassab. "Les nouveaux déplacés ont trouvé refuge parmi la population de Kutum, la majorité dans des zones ouvertes où ils manquent des services de base, comme l'eau potable, la nourriture, des installations sanitaires et des soins de santé", selon la Minuad. L'Ocha a par ailleurs rapporté que "durant les violences, les locaux de cinq organisations humanitaires ont été pillés. Le personnel humanitaire a été évacué de la localité d'El-Facher". Le Programme alimentaire mondial avait auparavant annoncé que ses locaux à Kutum avaient été pillés pendant 12 heures les 2 et 3 août mais qu'aucun employé n'avait été blessé. Dans d'autres violences au Darfour, les forces de sécurité ont tué par balles la semaine dernière huit manifestants à Nyala, capitale du Sud-Darfour. Jeudi, la Minuad a fait état d'informations sur des raids aériens ayant forcé des villageois à la fuite. Des habitants ont indiqué avoir fui les raids entre le 3 et le 6 août, à l'ouest de Shangil Tobay, au sud d'El-Facher.