Le département d'Etat américain a appelé lundi l'opposition syrienne à mieux s'organiser avant de commencer à former un gouvernement provisoire, en réponse au président français François Hollande assurant qu'il reconnaîtrait immédiatement un tel gouvernement. "Nous avons exhorté l'opposition syrienne à coordonner plus étroitement le travail des Syriens hors de Syrie et des Syriens en Syrie, en premier lieu pour adopter le plan de transition politique qui est déjà sur la table", depuis fin juin à Genève et début juillet au Caire, a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland. D'après des experts, si les opposants syriens ont pour objectif commun d'abattre le régime de Bachar al-Assad, ils ont de profondes divergences sur la manière de mener le combat et de préparer la période post-Assad. "La première chose à faire pour eux, c'est de s'entendre sur ce à quoi devrait ressembler une transition" politique, a-t-elle insisté, ajoutant qu'il reviendrait "évidemment" ensuite à ces opposants de "décider du moment où ils seraient prêts à commencer à désigner des gens" pour un futur gouvernement. Le chef de l'Etat français, accusé d'attentisme par l'opposition de droite sur le conflit syrien, a annoncé qu'il reconnaîtrait un gouvernement provisoire dès sa formation. Rejoignant le président américain Barack Obama, M. Hollande a également averti que l'emploi d'armes chimiques par Damas serait "une cause légitime d'intervention directe" de la communauté internationale. Le président français a aussi confirmé que Paris "travaillait" en concertation avec ses plus proches partenaires à la création de "zones tampons" en Syrie, notamment pour tenter de juguler le flot de réfugiés syriens en Turquie et en Jordanie. Le nombre de Syriens qui ont fui en Turquie vient de franchir la barre des 80.000 personnes. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a prévenu que son pays serait incapable d'accueillir plus de 100.000 Syriens et avait proposé de mettre en place une zone tampon en Syrie, sous contrôle de l'ONU, pour contenir l'afflux. Il avait indiqué qu'une réunion interministérielle sur la situation humanitaire en Syrie, à l'initiative de la France, se tiendrait le 30 août au Conseil de sécurité de l'ONU, tablant sur une déclaration sur les zones tampons. "Cela vient à un bon moment et les membres du Conseil de sécurité pourront élargir et mieux coordonner leur travail", a commenté la porte-parole du département d'Etat. Alors qu'Ankara tente de ralentir le flot de réfugiés Syriens, Mme Nuland a assuré qu'"aucune frontière (avec la Syrie) n'était fermée en ce moment et (que) la Turquie travaillait avec l'ONU pour essayer de pré-positionner de l'aide humanitaire aux postes-frontières pour les gens qui attendent de traverser".