Le président tunisien Moncef Marzouki a de nouveau stigmatisé lundi l'attaque de l'ambassade américaine par des islamistes radicaux et affirmé qu'elle n'était "pas représentative" de la Tunisie, dans un discours adressé aux "amis américains" et publié à Tunis. "Ce qui s'est passé vendredi n'est pas représentatif de la Tunisie", a-t-il assuré dans une allocution destinée à "éviter davantage d'incompréhesion en ces moments de défis et d'incertitudes". Le président tunisien a tenu à rassurer les ressortissants américains résidant en Tunisie et rejeté la violence des islamistes radicaux désavoués, selon lui, par tous les Tunisiens. "Les Tunisiens sont profondément choqués par l'attaque de l'ambassade (...) ils rejettent et désavouent l'action perpétrée par un groupe d'extrémistes", a-t-il dit. Des manifestants issus en majorité de la mouvance salafiste protestant contre le film "Innocence of Muslims" réalisé aux Etats-unis ont attaqué vendredi l'ambassade des Etats-unis à Tunis et incendié une école américaine. Quatre personnes ont été tuées, dont trois par balles, et des dizaines ont été blessées. Une centaine d'Américians, fonctionnaires et résidents, ont été évacués dimanche après la décision de Washington de rapatrier "les personnels non essentiels" en Tunisie et au Soudan. "Ces extrémistes ont sali l'image d'un peuple historiquement connu pour son adhésion aux valeurs de modération et de tolérance", a regretté le président tunisien, affirmant que les expatriés américains étaient les "bienvenus en Tunisie" qui n'épargnera "aucun effort pour les protéger". "Aucune idée, aucun discours, aucune création qu'elle soit artistique ou non, qu'elle soit mauvaise ou injurieuse ne sauraient justifier cette violence inacceptable", a-t-il lancé, exprimant son indignation de voir des "extrémistes tunisiens et arabes attaquer des ambassades des Etats-unis". Il a déploré "la perte tragique" de l'ambassadeur Christopher Stevens tué en Libye, la qualifiant de "menace pour les perspectives de démocratie et de paix dans le monde arabe". Il a dans le même temps dénoncé "le fait qu'un extrémiste issu d'un mouvement d'extrême droite puisse commettre une telle offense à nos valeurs et symboles", a-t-il dit en allusion à l'auteur du film anti-islam qui a déclenché une vague de violences. "Soyez assuré que nous ne faisons pas l'amalgame entre ces extrémistes et le peuple américain, comme nous ne souhaitons pas voir les Tunisiens réduits à l'image d'un groupe extrémiste", a-t-il plaidé. Allié aux islamistes du parti Ennahda au pouvoir, le président tunisien a souvent épinglé les islamistes radicaux qui s'activent au grand jour depuis le soulèvement qui a renversé l'ancien régime en 2011.